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Une nouvelle étude publiée dans la revue Cancer Research(1) révèle que les utilisateurs de cigarettes électroniques présentent des modifications épigénétiques similaires à celles observées chez les fumeurs de tabac, et ce, même chez les vapoteurs ayant peu ou pas d’antécédents de tabagisme. Ces résultats soulèvent des questions quant aux effets à long terme du vapotage sur la santé, notamment en ce qui concerne le risque de cancer.
Des changements épigénétiques préoccupants
L’épigénétique fait référence à des modifications chimiques de l’ADN qui peuvent influencer l’expression des gènes sans altérer la séquence génétique elle-même. Ces changements épigénétiques peuvent être induits par divers facteurs environnementaux, dont le tabagisme. L’étude menée par des chercheurs de l’University College London (UCL) et de l’Université d’Innsbruck a analysé les effets épigénétiques du tabac et des cigarettes électroniques sur la méthylation de l’ADN dans plus de 3 500 échantillons de cellules buccales, cervicales et sanguines.
Les résultats ont montré que les cellules épithéliales de la bouche des fumeurs présentaient des changements épigénétiques substantiels, mais aussi que des modifications similaires étaient observées chez les utilisateurs de cigarettes électroniques ayant peu ou pas d’antécédents de tabagisme. Ces changements épigénétiques étaient particulièrement prononcés au niveau des gènes impliqués dans la détoxification et la signalisation de la croissance cellulaire.
Un lien potentiel avec le développement du cancer
Ce qui inquiète particulièrement les chercheurs, c’est que les sites génétiques hyperméthylés chez les fumeurs et les vapoteurs sont également associés à une méthylation élevée dans les tissus cancéreux et les lésions précancéreuses du poumon. De plus, l’hyperméthylation de ces sites a permis de prédire le développement du cancer du poumon chez des fumeurs jusqu’à 22 ans avant le diagnostic, suggérant un rôle potentiel dans le processus de cancérogenèse.
Bien que cette étude ne prouve pas que le vapotage cause directement le cancer, elle met en évidence des changements épigénétiques préoccupants chez les utilisateurs de cigarettes électroniques, similaires à ceux observés chez les fumeurs et associés à un risque accru de cancer. Ces résultats soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur les effets à long terme des cigarettes électroniques sur la santé.
Comprendre les mécanismes épigénétiques
Pour mieux comprendre les implications de ces résultats, il est important de se pencher sur les mécanismes épigénétiques en jeu. L’épigénétique est souvent comparée à une couche d’information supplémentaire qui se superpose à notre matériel génétique, l’ADN. Les modifications épigénétiques, telles que la méthylation de l’ADN, peuvent influencer l’expression des gènes sans modifier la séquence génétique sous-jacente.
Dans le cas du tabagisme et du vapotage, les chercheurs ont identifié 535 sites de méthylation de l’ADN (CpG) liés à ces habitudes. Ces sites étaient regroupés en quatre groupes fonctionnels, dont la détoxification et la signalisation de la croissance, en fonction du type de cellule et du site anatomique. L’hyperméthylation de certains de ces sites, notamment ceux associés à la signalisation des récepteurs NOTCH1/RUNX3/facteurs de croissance, a été observée à la fois chez les fumeurs et les vapoteurs.
L’importance des études à long terme
Si cette étude apporte un éclairage nouveau sur les effets épigénétiques du vapotage, elle soulève également de nombreuses questions quant aux conséquences à long terme sur la santé. Les chercheurs insistent sur la nécessité de mener des études de suivi à long terme pour évaluer si les cigarettes électroniques ont des effets néfastes et, le cas échéant, pour déterminer leur nature.
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Sources éditoriales et fact-checking