Les SARMs, ou modulateurs sélectifs des récepteurs aux androgènes, constituent une classe émergente de composés utilisés à des fins d’amélioration des performances physiques et musculaires.
Bien qu’à l’origine développés dans un but thérapeutique pour traiter des pathologies entraînant une fonte musculaire, les SARMs sont de plus en plus détournés de leur usage premier par les athlètes et les bodybuilders amateurs de musculation, en raison de leurs propriétés anabolisantes permettant une augmentation rapide de la masse et de la force musculaire(1).
Facilement disponibles sur internet, souvent sous des appellations trompeuses de « stéroïdes légaux », ils sont utilisés en cycles pour maximiser les gains de muscles lors des phases d’entraînement intensif.
Cependant, malgré leurs effets potentiellement bénéfiques, l’utilisation des SARMs à des fins récréatives soulève des inquiétudes légitimes quant à leur sécurité, leur efficacité réelle et leur légalité ambigüe.
Cet article vise à faire le point de manière objective sur les SARMs, leurs effets, leurs risques avérés et supposés, ainsi que sur la réglementation qui encadre leur usage.
Définition
Les SARMS (Selective Androgen Receptor Modulators) sont une nouvelle classe de molécules de synthèse qui se lient de manière sélective aux récepteurs des androgènes dans l’organisme. Ils ont été développés dans le but de reproduire les effets anabolisants des stéroïdes anabolisants, tout en minimisant leurs effets secondaires indésirables.
Contrairement aux stéroïdes anabolisants qui se lient de manière non sélective aux récepteurs des androgènes dans tout l’organisme, les SARMS ciblent spécifiquement certains tissus comme les muscles et les os. Ils agissent comme des agonistes dans ces tissus, reproduisant les effets des androgènes naturels comme la testostérone. Dans les autres tissus comme la prostate ou les testicules, les SARMS agissent plutôt comme des antagonistes, bloquant les effets des androgènes.
Cette sélectivité tissulaire fait des SARMS des molécules très intéressantes sur le plan thérapeutique. En théorie, ils pourraient reproduire les effets bénéfiques des androgènes sur la masse musculaire et la densité osseuse, tout en évitant leurs effets secondaires. C’est pourquoi les SARMS font actuellement l’objet de nombreuses recherches pour le traitement de pathologies impliquant une perte musculaire comme la sarcopénie, la cachexie cancéreuse ou l’ostéoporose.
Utilisation à des fins de dopage
Bien que les SARMS soient à l’origine développés dans un but thérapeutique, ils sont de plus en plus utilisés à des fins de dopage sportif et d’amélioration des performances physiques, notamment dans les sports de force et d’endurance.
Ils sont vendus sur internet sous diverses appellations comme « stéroïdes légaux », « alternatives aux stéroïdes » ou « à usage de recherche uniquement ». Leur popularité s’explique par le fait qu’ils sont facilement disponibles, ont une activité anabolisante puissante et sont perçus comme plus sûrs que les stéroïdes anabolisants illégaux.
Cette disponibilité, combinée à leurs effets dopants avérés, explique que les SARMS soient de plus en plus utilisés par les athlètes et les bodybuilders comme alternative aux stéroïdes anabolisants classiques, malgré l’absence d’études à long terme sur leurs effets secondaires.
Effets et risques
Les SARMs les plus couramment utilisés à des fins récréatives incluent l’Ostarine (MK-2866), l’Andarine (S-4), le Ligandrol (LGD-4033) et le RAD-140.
Effets recherchés
Les utilisateurs récréatifs de SARMs rapportent différents effets bénéfiques11 :
- Augmentation de la masse et de la force musculaire ;
- Amélioration des performances athlétiques ;
- Perte de graisse corporelle ;
- Rétablissement plus rapide après l’entraînement.
Cependant, ces effets n’ont pas été confirmés par des études cliniques solides et semblent moindres comparés aux stéroïdes anabolisants.
Effets secondaires
Malgré leur sélectivité, les SARMs peuvent entraîner des effets secondaires significatifs :
- Atteinte hépatique pouvant aller jusqu’à l’insuffisance hépatique ;
- Élévation des enzymes hépatiques ;
- Rhabdomyolyse (destruction des cellules musculaires) ;
- Lésions tendineuses ;
- Troubles psychiatriques comme la psychose ;
- Troubles du sommeil ;
- Dysfonction sexuelle ;
- Diminution de la fertilité et atrophie testiculaire.
Ces effets secondaires semblent dose-dépendants et leur prévalence exacte reste mal connue en raison du manque d’études à long terme chez l’humain.
L’utilisation des SARMS à des fins d’amélioration des performances physiques comporte donc des risques certains pour la santé, d’autant plus que ces substances ne sont pas approuvées par les agences sanitaires. Leur composition exacte et leur processus de fabrication ne sont pas contrôlés, augmentant les risques d’effets indésirables.
Légalité
Les SARMS ne sont approuvés dans aucun pays pour une utilisation chez l’homme, que ce soit à des fins thérapeutiques ou récréatives.
Aux États-Unis, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a publié plusieurs mises en garde concernant les risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant des SARMS. Elle considère que la vente de ces produits est illégale.
En Europe et en France, les SARMS ne disposent d’aucune autorisation de mise sur le marché et leur vente constitue un délit.
Ils figurent également sur la liste des substances interdites de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Leur utilisation est donc prohibée pour les sportifs, que ce soit en compétition ou hors compétition.
Alternatives sûres
Il existe des alternatives légales et sûres pour augmenter sa masse et sa force musculaire sans recourir à des produits dopants comme les SARMS :
- Entraînement adapté : un programme d’entraînement en musculation bien conçu, privilégiant les exercices de base et la progression progressive de la charge. L’alimentation doit également être adaptée aux objectifs.
- Repos et récupération : un temps de récupération suffisant entre les séances, avec 8 à 9h de sommeil par nuit. La récupération active (étirements, massages) est également importante.
- Compléments alimentaires sûrs : des suppléments comme la créatine, les protéines ou les acides aminés branchés (BCAA) peuvent légalement améliorer la récupération, la prise de masse musculaire et les performances.
Vos questions fréquemment posées
En combien de temps voit-on les effets ?
Les premiers effets se manifestent généralement au bout de 1 à 2 semaines d’utilisation. L’action anabolisante est maximale après 4 à 8 semaines de traitement.
Les femmes peuvent-elles en prendre ?
Non, les SARMs ne sont pas recommandés pour les femmes car ils peuvent causer une masculinisation permanente comme une pilosité faciale accrue ou un épaississement de la voix.
Les SARMs sont-ils détectables lors des contrôles antidopage ?
Oui, la plupart des SARMs sont détectables par les méthodes de dépistage antidopage actuelles pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois après l’arrêt.
Peut-on en devenir dépendant ?
Oui, comme pour les stéroïdes anabolisants, une dépendance psychologique aux SARMs est possible. L’arrêt brutal peut causer un syndrome de sevrage.
Ce qu’il faut retenir
En conclusion, les SARMS constituent une nouvelle classe de molécules aux propriétés dopantes avérées. Initialement développés à des fins thérapeutiques, ils sont de plus en plus détournés de leur usage pour leurs effets anabolisants. Cependant, de nombreuses zones d’ombre persistent sur leurs effets secondaires à long terme. Leur utilisation à des fins d’amélioration des performances physiques ou esthétiques comporte des risques certains pour la santé et demeure illégale.
Sources éditoriales et fact-checking