C’est un coup dur pour les ostréiculteurs du Bassin d’Arcachon. À quelques jours des fêtes de fin d’année, période traditionnellement faste pour les huîtres, la préfecture de Gironde a décidé d’interdire temporairement la vente de ces coquillages qui font la réputation de la région. En cause : plusieurs cas d’intoxications alimentaires liés à la consommation d’huîtres contaminées.
Au-delà de l’impact économique immédiat, les ostréiculteurs craignent également que cette mauvaise publicité nuise durablement à l’image des huîtres du Bassin d’Arcachon. « Les consommateurs vont se détourner de notre produit par peur d’être malades », redoute un producteur local.
Mais comment de telles contaminations ont-elles pu se produire ? Et quels sont les risques encourus par les consommateurs ?
La contamination des huîtres : causes et mécanismes
L’agent responsable des intoxications alimentaires ayant conduit à l’interdiction des huîtres du Bassin d’Arcachon est le norovirus, également appelé « virus de Norwalk ». Ce virus très contagieux est la première cause de gastro-entérites dans le monde.
Le norovirus se transmet principalement par voie oro-fécale, c’est-à-dire par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par des matières fécales. Les principaux modes de transmission sont :
- La consommation d’aliments contaminés, notamment de coquillages (huîtres) crus ou mal cuits ;
- Le contact avec une personne infectée ;
- La contamination de l’eau ou des aliments par des mains sales après passage aux toilettes.
Une fois ingérées par l’homme, les huîtres contaminées libèrent le norovirus infectieux qui se multiplie alors dans l’intestin, provoquant les symptômes typiques d’une gastro-entérite : nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, maux de tête, frissons et fièvre modérée. Ces symptômes apparaissent brutalement entre 12 et 48 heures après l’ingestion des coquillages contaminés et durent généralement de 1 à 3 jours.
Dans le cas présent, l’origine de la contamination des huîtres est clairement identifiée. Les fortes pluies de ces derniers jours ont saturé les réseaux d’assainissement et entraîné des débordements d’eaux usées non traitées dans le Bassin d’Arcachon. Or les coquillages filtrent l’eau pour se nourrir… et concentrent tous les germes présents, norovirus compris !
Une conjonction de facteurs météorologiques et sanitaires défavorables a ainsi conduit à la contamination des huîtres, permettant au virus de se multiplier et d’atteindre des taux très élevés dans les coquillages incriminés.
Les risques pour les consommateurs et les recommandations
Bien que bénigne dans la majorité des cas, l’infection peut être plus grave chez les personnes fragiles (nourrissons, personnes âgées, femmes enceintes, personnes immunodéprimées). Une hospitalisation peut alors être nécessaire pour traiter la déshydratation causée par les vomissements et diarrhées.
Pour le grand public, en cas de consommation d’huîtres du Bassin d’Arcachon et de symptômes évocateurs dans les 48h, il est recommandé :
- De boire abondamment pour éviter la déshydratation ;
- De prendre du paracétamol en cas de fièvre ou douleurs abdominales ;
- De consulter un médecin si les symptômes sont sévères ou persistent au-delà de 3 jours.
Concernant les huîtres crues en général, la consommation à risque n’est pas nulle même en dehors d’un épisode de contamination avéré. Les autorités sanitaires rappellent quelques précautions pour profiter des bienfaits des huîtres sans danger :
- Bien cuire les huîtres (au moins 1 minute à 65°C) détruit le norovirus ;
- Éviter de manger des huîtres crues en cas de système immunitaire affaibli (grossesse, traitements…) ;
- Respecter des règles strictes d’hygiène lors de la manipulation et la conservation.
Les bienfaits des huîtres pour la santé
Malgré les risques de contamination, les huîtres n’en restent pas moins excellentes pour la santé, notamment des sportifs. Ces coquillages constituent une source de protéines animales de très haute qualité, avec un excellent profil nutritionnel :
- Peu caloriques : environ 50 kcal pour 100 g ;
- Riches en protéines (7 à 8 g aux 100 g) : idéales pour construire et réparer les muscles ;
- Pauvres en lipides ;
- Riches en minéraux et oligoéléments : fer, zinc, cuivre, sélénium…
- Excellente teneur en vitamine B12 ;
- Source d’oméga-3 à effet anti-inflammatoire.

Ces nutriments font des huîtres des alliées de choix pour les sportifs, en contribuant à :
- Optimiser la récupération musculaire ;
- Améliorer l’endurance ;
- Lutter contre le stress oxydatif grâce aux antioxydants ;
- Booster la production de testostérone ;
- Renforcer le système immunitaire.
À teneurs équivalentes, les huîtres constituent donc un aliment au moins aussi intéressant que le saumon, les sardines ou le thon pour un apport protéique de qualité chez le sportif.
Ce qu’il faut retenir
Cet épisode rappelle néanmoins que les coquillages filtreurs comme les huîtres sont vulnérables aux contaminations microbiennes. Bien que généralement bénignes, ces intoxications alimentaires ne doivent pas être prises à la légère. Les personnes fragiles ou présentant des symptômes sévères doivent impérativement consulter un médecin.
Au-delà du risque infectieux, les qualités nutritionnelles des huîtres n’en demeurent pas moins réelles, en particulier pour les sportifs. Riches en protéines et en micronutriments essentiels, les huîtres participent à la construction musculaire, la récupération et les défenses antioxydantes.
Lorsque les conditions sanitaires le permettront à nouveau, la consommation d’huîtres constitue donc un excellent moyen de profiter des bienfaits de ces fruits de mer.