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Chaque année, des millions de tonnes de produits chimiques toxiques appelés PFAS sont rejetés dans notre environnement. Ces substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, fabriquées par l’homme, mettent des milliers d’années à se dégrader. Omniprésentes, on les retrouve dans les emballages alimentaires, les vêtements, et même l’eau potable. Des études montrent que presque tous les Américains en ont des quantités mesurables dans leur sang.
Si l’exposition aux PFAS a déjà été liée à de graves problèmes de santé comme le cancer, des anomalies fœtales et des troubles hépatiques, une nouvelle étude de l’Université de Dartmouth vient de tirer la sonnette d’alarme sur une source d’exposition jusqu’ici sous-estimée : les fruits de mer.
Publiée dans la revue Exposure and Health, cette étude révèle en effet que les poissons et crustacés, en particulier certaines espèces comme le homard et les crevettes, contiennent des niveaux de PFAS plus élevés que ce que l’on pensait auparavant. Un constat qui soulève des questions sur l’équilibre entre les bienfaits nutritionnels reconnus des produits de la mer et les risques potentiels liés à ces polluants.
Alors, faut-il bannir les fruits de mer de nos assiettes ? Quelles solutions mettre en place pour limiter les risques tout en profitant des apports nutritionnels essentiels de ces aliments ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Que nous révèle l’étude ?
Les chercheurs ont mesuré les niveaux de 26 variétés de PFAS dans des échantillons des espèces marines les plus consommées : morue, églefin, homard, saumon, pétoncle, crevette et thon.
Les crevettes et les homards ont enregistré les concentrations les plus élevées, avec des moyennes allant jusqu’à 1,74 et 3,30 nanogrammes par gramme de chair, respectivement, pour certains composés PFAS. C’est donc ces deux espèces qui sont particulièrement pointées du doigt.
Les concentrations de PFAS individuels dans les autres poissons et fruits de mer étaient généralement inférieures à un nanogramme par gramme.
Bien que ces quantités puissent paraître faibles, il faut garder à l’esprit que les PFAS s’accumulent dans l’organisme au fil du temps. Une exposition régulière, même à de petites doses, peut donc devenir problématique à long terme, surtout pour les gros consommateurs de produits de la mer.
Que faire face à ce risque ?
La professeure Celia Chan, co-auteure de l’étude, souligne un problème majeur : alors qu’il existe des directives établies pour éviter le mercure dans les fruits de mer, nous sommes un peu perdus en ce qui concerne les PFAS.
“Les espèces prédatrices comme le thon et les requins sont connues pour contenir des concentrations élevées de mercure, nous pouvons donc utiliser ces connaissances pour limiter l’exposition”, explique-t-elle. “Mais c’est moins clair pour les PFAS, surtout si l’on commence à examiner comment les différents composés se comportent dans l’environnement.”
Alors, faut-il bannir les fruits de mer de notre alimentation ? En un mot : non ! Megan Romano, co-auteure de l’étude, insiste sur le fait que les résultats plaident en faveur de la fixation de limites de PFAS sur les fruits de mer, et non de l’arrêt de leur consommation.
“Comprendre ce compromis risque-bénéfice pour la consommation de fruits de mer est important pour les populations vulnérables telles que les femmes enceintes et les enfants”, souligne-t-elle.
D’ailleurs, la professeure Crawford souligne que leur recommandation n’est pas de ne pas manger de fruits de mer. Ces derniers restent une excellente source de protéines maigres et d’acides gras oméga.
Ce qu’il faut retenir
Ces nouvelles données suggèrent donc que l’exposition humaine aux PFAS via la consommation de fruits de mer, en particulier de crevettes et de homards, a été largement sous-estimée jusqu’à présent. Cela soulève de sérieuses inquiétudes quant aux risques potentiels pour la santé des gros consommateurs de produits marins.
En attendant, les amateurs de fruits de mer peuvent continuer à savourer leurs mets préférés, mais avec modération et en privilégiant les espèces les moins touchées par la contamination aux PFAS. La clé, comme souvent, réside dans un juste équilibre entre plaisir gustatif et préservation de notre santé.