Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
L’exposition aux substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) pourrait nuire au développement du squelette chez les enfants et les adolescents, selon de récentes études scientifiques. Des effets ont également été observés chez les adultes. Explications.
Des effets sur la santé qui inquiètent
De nombreuses études suggèrent que l’exposition aux PFAS peut avoir des effets néfastes sur la santé, même à faible dose :
- Perturbation endocrinienne ;
- Déséquilibre du cholestérol ;
- Hypertension artérielle ;
- Déficit immunitaire ;
- Cancer du rein, des testicules.
Chez la femme enceinte, l’exposition aux PFAS pourrait réduire le poids de naissance.
Une menace invisible pour nos os
Mais un danger insidieux des PFAS commence tout juste à être documenté par la recherche : leur capacité à fragiliser notre capital osseux.
Plusieurs études transversales réalisées chez l’adulte ont constaté des associations entre les taux sanguins de PFAS et une densité minérale osseuse (DMO) plus faible. Une diminution de la masse osseuse sur deux ans a également été rapportée.
Des recherches plus récentes se sont intéressées spécifiquement aux effets des PFAS sur la santé osseuse des enfants et des adolescents.
Une étude longitudinale inquiétante
Une étude(1) américaine publiée en 2022 dans Environmental Health Perspectives a analysé l’évolution de la DMO chez 304 adolescents exposés à plusieurs PFAS.
Les résultats sont préoccupants : l’exposition aux PFAS durant l’enfance était associée à une réduction significative de la DMO au cours de l’adolescence. Plus les concentrations de certains PFAS comme l’acide perfluorononanoïque étaient élevées, plus cette diminution était marquée.
Même constat dans un autre groupe de 137 jeunes adultes âgés de 20 à 30 ans : les participants présentant les taux sanguins de PFAS les plus élevés avaient une DMO significativement plus basse, mais aucune différence n’a été observée au fil du temps.
“Les PFAS sont omniprésents : nous y sommes tous exposés”, déclare Lida Chatzi, co-auteure de l’étude. “Nous devons éliminer cette exposition pour permettre à nos jeunes d’atteindre leur plein potentiel en termes de développement osseux et de les aider à éviter l’ostéoporose plus tard dans la vie.”
Mécanismes d’action des PFAS sur la santé osseuse
Bien que les mécanismes exacts par lesquels l’exposition aux PFAS nuit à la santé des os ne soient pas encore totalement compris, les chercheurs ont proposé plusieurs voies potentielles :
- Perturbation de l’équilibre hormonal : les PFAS peuvent interférer avec le système endocrinien, qui régule la production et l’équilibre des hormones. Des hormones comme les œstrogènes et la testostérone jouent des rôles cruciaux dans le développement et le maintien des os.
- Stress oxydatif : certains PFAS peuvent induire un stress oxydatif, c’est-à-dire une augmentation des espèces réactives de l’oxygène, ce qui peut endommager les cellules osseuses.
- Inflammation : l’exposition aux PFAS est associée à une inflammation accrue, qui peut stimuler la résorption osseuse et inhiber la formation osseuse.
- Perturbation du métabolisme des vitamines : les PFAS peuvent affecter l’absorption, le transport, le stockage et l’activité de vitamines essentielles à la santé des os comme la vitamine D.
Conséquences à long terme
La diminution de la DMO et l’augmentation du risque d’ostéoporose associées à l’exposition aux PFAS chez les jeunes sont particulièrement préoccupantes, car elles peuvent avoir des répercussions à long terme.
La DMO augmente pendant l’adolescence, atteint un pic entre 20 et 30 ans, puis diminue lentement tout au long de l’âge adulte. Le pic de DMO aide à prédire si une personne développera une ostéoporose plus tard dans sa vie.
Il est donc crucial de veiller à ne pas s’exposer à des substances qui nuisent au développement osseux pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte, car cela a des implications sur le reste de la vie. Une ostéoporose précoce augmente considérablement le risque de fractures, de douleurs osseuses chroniques et d’incapacités.
Populations vulnérables
Outre les adolescents et les jeunes adultes, certaines populations sont particulièrement vulnérables aux effets des PFAS :
- Les femmes enceintes et leur fœtus : l’exposition prénatale aux PFAS peut nuire au développement du squelette du fœtus.
- Les enfants : leur organisme en développement est plus sensible aux perturbateurs endocriniens comme les PFAS.
- Les personnes atteintes de maladies osseuses comme l’ostéoporose : elles sont plus à risque de subir des fractures en cas d’affaiblissement supplémentaire des os causé par les PFAS.
- Les populations vivant à proximité de sites contaminés : leur exposition aux PFAS environnementaux est souvent plus élevée.
Le mot de la fin
L’exposition aux PFAS représente une menace grandissante pour la santé publique. Le lien entre ces produits chimiques et une diminution de la santé osseuse chez les jeunes met en lumière la nécessité d’agir rapidement pour restreindre et ultimement éliminer l’exposition de la population.
Des efforts de recherche se poursuivent afin de mieux comprendre les mécanismes d’action toxiques des PFAS et de trouver des biomarqueurs qui pourraient servir de sonnette d’alarme précoce.
Entre-temps, des actions concrètes doivent être prises par les gouvernements et l’industrie pour limiter la contamination de l’environnement par ces polluants et réduire l’exposition humaine, surtout chez les groupes vulnérables. La santé de nos os et de nos générations futures est en jeu.
Sur le même sujet
Sources éditoriales et fact-checking