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On les retrouve dans les vêtements, les aliments, les meubles, l’air ou encore l’eau. Ils sont pour ainsi dire partout. Nous avons tous entendu parler des perturbateurs endocriniens et savons qu’ils sont dangereux pour la santé. En effet, ils altèrent le système hormonal de tous les êtres vivants, humains comme animaux.
Les résultats d’une étude de Santé publique France, publiée en 2019, ont montré que des perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés sont présents dans l’organisme de tous les Français, avec un taux d’imprégnation plus important chez les enfants.
En bref
- Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques présentes dans de nombreux objets et produits du quotidien, tels que les vêtements, les aliments, les meubles, et même l’air et l’eau. Ils peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien, causant des effets néfastes sur la santé des êtres vivants.
- Ces substances troublent le bon fonctionnement des hormones naturelles, pouvant entraîner des problèmes tels que l’obésité, le diabète de type 2, et divers cancers hormono-dépendants. Une exposition pendant l’enfance augmente les risques de développer un cancer à l’âge adulte.
- L’environnement est largement contaminé par les perturbateurs endocriniens, présents dans les pesticides, les additifs alimentaires, l’eau du robinet, les emballages alimentaires, et de nombreux autres produits. Il est donc essentiel de prendre des précautions pour limiter l’exposition à ces substances.
Ce que sont les perturbateurs endocriniens
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les perturbateurs endocriniens ainsi : “des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou ses descendants.”
Six grandes familles de perturbateurs endocriniens ont été répertoriées :
- Les bisphénols, à l’instar du bisphénol A (BPA) que l’on retrouve dans le plastique ;
- Les parabènes, présents dans de nombreux cosmétiques ;
- Les phtalates, utilisés pour rendre le plastique plus solide ;
- Les éthers de glycol, des solvants qui peuvent se mélanger à l’eau, toxiques, présents notamment dans les peintures et les produits d’entretien ;
- Les retardateurs de flamme bromés, au caractère semi-volatil qui se répandent facilement dans l’air et se retrouvent principalement dans les meubles ;
- Les composés perfluorés, fabriqués depuis les années 1950 par l’industrie et que l’on retrouve un peu partout. Une attention toute particulière est portée sur les PFOA et PFOS.
Leurs effets sur l’organisme
Les perturbateurs endocriniens troublent le bon fonctionnement des hormones naturelles. Ces dernières ont pour rôle de réguler les différentes fonctions essentielles de l’organisme comme le métabolisme, le système nerveux ou reproductif.
Ils interfèrent de trois manières :
- Brouillage des mécanismes de synthèse, transport, dégradation et élimination des hormones, ce qui modifie leur production ;
- Substitution à l’action des hormones par imitation, même quand l’action n’est pas requise ;
- Blocage de l’action des hormones en se fixant à leur place sur le récepteur.
Ainsi, les perturbateurs endocriniens ont des effets notables sur la santé. La régulation du métabolisme est perturbée, ce qui peut entraîner de l’obésité. Une insulino-résistance provoquée par ces substances peut mener à un diabète de type 2.
Les perturbateurs endocriniens peuvent aussi favoriser les cancers hormono-dépendants (ovaires, sein, testicules, prostate, thyroïde…).
Par ailleurs, une exposition pendant l’enfance augmente les chances d’un cancer de ce genre à l’âge adulte.
Où se trouvent-ils ?
L’environnement entier est envahi par les perturbateurs endocriniens. Ces derniers se retrouvent ainsi partout dans les objets et produits du quotidien, mais aussi dans ce que l’on consomme.
Parmi 90 pesticides pulvérisés sur des fruits et légumes évalués par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), 10 étaient considérés comme des perturbateurs endocriniens. Les additifs alimentaires le sont également, tels le BHA (E320) ou BHT (E321). Il faut donc veiller à en consommer le moins possible et à regarder la liste des ingrédients sur l’emballage.
L’eau du robinet peut elle aussi être contaminée par des pesticides et produits chimiques susceptibles d’avoir un effet de perturbateur endocrinien.
Les emballages alimentaires possédant un film plastique présentent le risque que les perturbateurs endocriniens des plastiques migrent vers l’alimentation lors du chauffage. Il faut donc éviter au maximum de chauffer des plats en plastique.
De nombreux cartons contiennent des composés perfluorés (boîte à pizza par exemple) dont l’encre produit une huile aux effets de perturbateur endocrinien. Les ustensiles de cuisine avec un revêtement anti-adhésif sont à éviter, car ils contiennent des substances perfluorées (PFOA et PFOS).
Concernant les médicaments, les perturbateurs endocriniens sont notamment présents dans certains contraceptifs hormonaux comme la pilule qui modifie le système hormonal.
De nombreux produits ménagers contiennent des conservateurs et agents de texture dangereux comme les phtalates et les parabènes. Il en va de même pour certains produits de beauté (déodorant, maquillage, démaquillant) ainsi que le dentifrice. Il est important de bien lire la liste des ingrédients.
Enfin, les produits de maison (meubles, tissus) rejettent pour beaucoup dans l’air intérieur des particules considérées comme des perturbateurs endocriniens (retardateurs de flamme bromés). Les peintures notées B et C sont elles aussi dangereuses.
Attention également aux jouets pour enfants en plastique ou aux couches non bio.
Un risque plus élevé chez les jeunes
Les périodes de changement hormonal favorisent l’imprégnation des perturbateurs endocriniens dans l’organisme. Cela fragilise alors l’individu.
La période dite de vulnérabilité aux perturbateurs endocriniens correspond au développement du fœtus (la mère étant aussi vulnérable), à la petite enfance et à la puberté. Il faut être particulièrement vigilant à l’exposition aux perturbateurs endocriniens lors de la période des 1000 premiers jours de vie de l’enfant, qui commence dès la conception et s’étend jusqu’à 3 ans.
Les perturbateurs endocriniens provoquent des troubles du développement chez l’enfant comme une hyperactivité, des troubles relationnels et émotionnels, une agressivité ou une anxiété. Les capacités cognitives sont aussi affectées avec une baisse du QI.
Peu de réglementation
Il n’existe à ce jour aucune liste répertoriant précisément les perturbateurs endocriniens.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a publié en avril 2021 une liste de 906 substances d’intérêt associées à une stratégie de priorisation. Néanmoins, il n’y a aucune obligation de tester les produits contenant des substances ayant des effets de perturbation endocrinienne avant de les mettre sur le marché. Seuls les pesticides et biocides sont évalués avec un possible effet rétroactif (les restreindre ou les interdire).
Le règlement européen REACH entré en vigueur en 2007 recense des substances présentant des propriétés de perturbateurs endocriniens identifiés comme substances extrêmement préoccupantes (SVHC). Cela ne signifie pas pour autant leur interdiction. Il faut en effet le vote de tous les États membres.
En 2021 le résorcinol, présentant des effets avérés sur la thyroïde et que l’on retrouve dans des produits cosmétiques n’a pas été interdit, faute d’un vote majoritaire d’interdiction par les États membres.
Il en va de même pour le bisphénol A (BPA), substance présente dans de nombreux plastiques. Il est interdit en France depuis 2010 dans les biberons et depuis 2015 dans les contenants alimentaires, car il a des effets de perturbateur endocrinien.
Bien qu’il soit classé “substance extrêmement préoccupante” par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) depuis 2019, le BPA est pourtant toujours autorisé dans d’autres pays européens.
Le BPA a des effets sur la mémoire, l’apprentissage, l’ovulation. L’EFSA a donc baissé la dose journalière autorisée (DJA) de BPA en décembre 2021.
L’effet cocktail ou le mélange de plusieurs perturbateurs endocriniens
Il est intéressant et contre-intuitif de noter qu’il a été constaté que les perturbateurs endocriniens peuvent avoir des effets plus nocifs à faible dose.
Un autre point notable est “l’effet cocktail”, c’est-à-dire la présence dans l’organisme de plusieurs substances ayant des propriétés de perturbation endocrinienne.
Un perturbateur endocrinien testé seul peut ne pas avoir d’effet néfaste pour une certaine dose évaluée, mais l’effet serait avéré s’il était cumulé avec un ou plusieurs autres perturbateurs endocriniens.
Cet “effet cocktail” pose la question de l’évaluation du risque. Les tests actuels ne portent que sur les substances individuelles. Ils ne semblent donc pas adaptés à la réalité de l’exposition à des mélanges.
Les gestes à adopter pour les limiter au maximum
Voici quelques conseils :
- Ne consommez pas trop d’aliments en contact avec un packaging plastique, et surtout évitez de les chauffer dans l’emballage plastique ;
- Utiliser des matériaux inertes (verre, inox, céramique…) pour la préparation et le stockage des aliments ;
- Utiliser des produits ménagers naturels comme le vinaigre blanc, le bicarbonate, le savon de Marseille ;
- Utiliser des produits de beauté bio ;
- Aérer régulièrement l’intérieur de la maison ;
- Laver les textiles neufs (housses, draps, vêtements…) ;
- Laver les jouets avant utilisation ;
- Privilégier tout ce qui est de seconde main.