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L’étude Esteban de Santé Publique France est aussi récente que particulièrement inquiétante.
Publiée le 1er juillet dernier, elle dresse le portrait d’une France exposée aux métaux lourds dans sa quasi-intégralité.
Le taux impensable de “97 à 100%” de la population, y compris les enfants, est avancé. Un nombre qui n’a rien d’anodin quand on connaît les conséquences de ces substances sur la santé.
En bref
- L’étude Esteban de Santé Publique France révèle que 97 à 100 % de la population française, y compris les enfants, est exposée aux métaux lourds, avec des conséquences potentiellement graves pour la santé.
- Les taux de certains métaux, tels que le cadmium, l’arsenic, le plomb et le chrome, dépassent les valeurs-guides recommandées par les autorités sanitaires, et l’exposition aux métaux lourds en France est plus élevée que dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord.
- La principale source de contamination par les métaux lourds est l’alimentation, notamment la consommation de poissons, de fruits de mer et de produits issus de l’agriculture biologique. Les céréales du petit-déjeuner sont également une source de contamination, en particulier pour les enfants.
De quelle enquête parlons-nous au juste ?
Le travail de recherche de Santé Publique France se base sur un échantillon représentatif de la population comprenant 2503 adultes et 1104 enfants.
Ces quelque 3600 participants se sont livrés à une batterie de tests. Prélèvements sanguins, échantillons d’urine et analyses des cheveux étaient au programme, tout comme la réalisation d’un questionnaire pour mieux cerner les habitudes de vie des personnes concernées.
Tout cela dans un seul but : traquer la moindre trace dans l’organisme de 27 métaux lourds. Cette étude se veut complémentaire à un autre rapport publié en 2019 concernant les substances issues des produits d’usage courant ainsi que les résultats de mars 2020 au sujet du plomb.
Elle fait également écho à l’étude ENNS menée entre 2006 et 2007 dont les résultats montraient déjà à l’époque une contamination au mercure et au nickel dans la population française. L’étude Esteban est cependant la première à faire la lumière sur le taux d’imprégnation des métaux lourds chez les enfants.
Un problème qui s’amplifie
Plus qu’une simple exposition, Santé Publique France démontre dans son rapport que les taux enregistrés ne vont pas dans le bon sens.
Les chercheurs soulignent en particulier l’augmentation des niveaux mesurés pour le cadmium, l’arsenic ou encore le chrome par rapport aux données dont ils disposent. Une aggravation d’autant plus préoccupante que les taux enregistrés pour le mercure, l’arsenic, le plomb et le cadmium dépassent les valeurs-guides recommandées par les autorités sanitaires.
Le cadmium est particulièrement dans la ligne de mire des scientifiques. Ces derniers ont diagnostiqué une cadmiurie supérieure aux normes recommandées par l’Anses pour pratiquement la moitié de la population adulte française testée.
Des résultats pas très reluisants qui, une fois comparés aux statistiques mondiales, sont encore plus inquiétants.
Que ce soit pour les enfants ou les adultes, l’exposition aux métaux lourds est plus importante en France que dans la plupart des pays d’Europe et d’Amérique du Nord, sauf pour ce qui est du nickel et du cuivre.
On peut d’ailleurs se consoler en apprenant que le taux de ces deux substances dans notre organisme a stagné depuis l’étude ENNS de 2006-2007.
Quelle est la source de cette contamination ?
Les raisons d’une telle exposition sont aussi variées que l’origine de ces métaux présents naturellement dans l’environnement. Il a par exemple été constaté que les implants médicaux étaient à l’origine d’une exposition au chrome.
De la même manière, des plombages dentaires peuvent être responsables d’une contamination au mercure. On ne s’étonnera pas non plus de l’implication du tabac, source de cadmium et de cuivre.
La principale cause de notre imprégnation aux métaux lourds reste cela dit l’alimentation. Les conclusions de Santé Publique France sont à ce propos assez surprenantes. L’institut pointe du doigt la consommation de poissons et de fruits de mer dont les qualités nutritionnelles sont pourtant reconnues.
Sa consommation entraîne toutefois une concentration en mercure, arsenic, cadmium et chrome. Les produits issus de l’agriculture biologique ne sont pas non plus irréprochables. Ils sont notamment liés à une concentration du cuivre dans le corps. Plus improbables encore, les céréales du petit-déjeuner sont à l’origine d’une contamination au cadmium, plus spécifiquement chez les enfants.
À ce sujet, l’étude Esteban nuance ses propos en précisant que ces métaux lourds sont présents “de la culture à l’assiette”.
En d’autres termes, cela vient également de la concentration dans les sols d’engrais phosphatés ainsi que de fertilisants contenants de grandes doses de cadmium.
Quelles sont les conséquences de ces métaux lourds dans notre organisme ?
La présence de ces substances dans notre corps n’a rien d’anodin. Elle se manifeste généralement par des symptômes légers et parfois difficiles à détecter.
Ce sont par exemple des maux de tête, une fatigue régulière ou des douleurs aux articulations. Il est également possible de faire un lien entre des problèmes psychiques, on pense notamment à la dépression, et la présence de métaux lourds dans le sang.
Les troubles digestifs ou du sommeil sont à ranger dans le même sac. Il faut dire que les métaux lourds sont connus pour leurs effets néfastes au système nerveux. Ils peuvent être à l’origine de maladies chroniques, mais aussi de déficiences immunitaires ou encore de cancers.
On ajoutera à cette liste déjà longue un dysfonctionnement des reins, du foie, des voies respiratoires et des risques plus élevés face à des maladies comme le diabète ou la sclérose en plaques.
Comment limiter les risques ?
Vous vous en doutez, il s’agit essentiellement de changer nos habitudes pour diminuer notre taux d’imprégnation aux métaux lourds. Arrêter de fumer paraît être un bon début, mais il faut également éviter le tabagisme passif puisque dans un cas comme dans l’autre cela augmente votre exposition.
Chez les fumeurs, cela peut aller jusqu’à une augmentation de l’imprégnation de plus de 50%. La plus grosse difficulté est cependant de revoir son alimentation. Santé Publique France se permet à ce titre quelques conseils.
L’organisme recommande notamment de varier les sources de vos aliments. Une suggestion qui concerne en particulier le poisson. En manger deux fois par semaine semble être un bon compromis, encore plus si l’un des deux repas est un poisson gras. Dans l’idéal, on veillera aussi à changer régulièrement les espèces ainsi que les lieux de pêche.