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Vous en avez sûrement entendu parler dans les médias : E. coli, cette bactérie qui fait régulièrement les gros titres pour ses méfaits. Mais connaissez-vous vraiment cette célèbre bactérie ? Loin des idées reçues, découvrons ensemble l’univers fascinant d’E. coli.
Crédit vidéo © C à vous – France Télévisions – YouTube
E. coli, c’est quoi exactement ?
Escherichia coli, plus communément appelée E. coli, est une bactérie qui vit naturellement dans notre intestin. Et oui, vous avez bien lu ! Cette bactérie fait partie de notre flore intestinale et contribue même à notre bonne santé. Découverte en 1885 par le pédiatre allemand Theodor Escherich, elle doit son nom à ce dernier et à son habitat naturel, le côlon.
Mais attention, toutes les E. coli ne se valent pas. Il existe en réalité de nombreuses souches différentes, un peu comme les races de chiens. Et si la plupart sont inoffensives, certaines peuvent être de véritables dangers publics.
Le bon côté d’E. coli
Difficile à croire, mais E. coli est avant tout notre alliée ! Présente dans notre intestin, elle participe à notre digestion en nous aidant à décomposer certains aliments et à produire des vitamines essentielles comme la K et la B12. Mieux encore, elle nous protège en occupant l’espace et en empêchant ainsi l’installation d’autres bactéries potentiellement nocives.
Les scientifiques l’ont bien compris et utilisent depuis des décennies une souche inoffensive appelée K-12 pour étudier les processus biologiques fondamentaux. E. coli a ainsi contribué à de nombreuses avancées majeures :
- La découverte des codons, ce langage de l’ADN ;
- La compréhension de l’activation des gènes ;
- L’étude des virus et de leur fonctionnement.
Cerise sur le gâteau, E. coli est même utilisée dans l’industrie pour produire de précieux composés comme l’insuline pour les diabétiques. Une bactérie décidément pleine de ressources !
Quand E. coli passe du côté obscur
Malheureusement, certaines souches d’E. coli ont mal tourné. Elles ont acquis des gènes supplémentaires qui leur confèrent la capacité de nous rendre malades, parfois gravement. Comment ? En perturbant le fonctionnement normal de notre intestin.
Ces souches pathogènes ont plus d’un tour dans leur sac. Elles peuvent :
- Produire des toxines qui endommagent nos cellules intestinales;
- S’accrocher à la paroi de l’intestin grâce à des appendices pileux ;
- Envahir directement nos cellules.
Résultat : diarrhées, crampes abdominales, vomissements et fièvre sont au rendez-vous. Dans les cas les plus sévères, les toxines libérées passent dans le sang et attaquent les reins, provoquant un syndrome hémolytique et urémique potentiellement mortel.
La souche O157:H7 est tristement célèbre pour avoir causé de graves épidémies via de la viande hachée contaminée. Mais d’autres souches comme O104:H4, responsable des épidémies de 2011 en Allemagne, peuvent aussi faire des ravages.
Comment attrape-t-on une E. coli pathogène ?
Crédit vidéo © Institut Pasteur – YouTube
Le mode de transmission principal est féco-oral. En clair, il faut ingérer des matières fécales contaminées, même en quantité microscopique. Cela peut arriver en consommant :
- De la viande insuffisamment cuite, surtout la viande hachée ;
- Des produits laitiers non pasteurisés ;
- Des fruits et légumes crus mal lavés ;
- De l’eau souillée.
Le contact avec des animaux porteurs ou une personne infectée sont d’autres modes de contamination possibles. Une hygiène rigoureuse des mains est donc primordiale !
Qui est le plus à risque ?
Si tout le monde peut être infecté, certaines personnes sont plus vulnérables :
- Les enfants de moins de 5 ans ;
- Les personnes âgées ;
- Les femmes enceintes ;
- Les personnes immunodéprimées (VIH, diabète, cancer…).
Chez ces populations fragiles, le risque de développer des complications graves est accru. Une prise en charge médicale rapide est alors cruciale.
Comment prévenir les infections à E. coli ?
Vous l’aurez compris, l’hygiène est le maître-mot. Au quotidien, pensez à :
- Vous laver soigneusement les mains, surtout après être allé aux toilettes et avant de manger ;
- Bien cuire la viande, en particulier la viande hachée ;
- Laver fruits et légumes avant consommation ;
- Éviter les produits laitiers non pasteurisés ;
- Nettoyer les surfaces et ustensiles de cuisine.
Côté industrie, de nombreuses mesures sont prises pour limiter les contaminations :
- Inspections régulières des abattoirs et usines agroalimentaires ;
- Mise en place de plans de maîtrise sanitaire (HACCP) ;
- Rappels de produits en cas de détection d’E. coli ;
- Guides de bonnes pratiques agricoles et d’hygiène.
Des procédés comme la pasteurisation ou l’irradiation peuvent aussi être utilisés pour éliminer les bactéries des aliments à risque. Des pistes de vaccins, chez l’homme ou l’animal, sont également à l’étude.
Alors, E. coli est-elle notre amie ou notre ennemie ?
Comme souvent en biologie, tout est une question d’équilibre. Dans notre intestin, E. coli est une précieuse alliée qui contribue à notre bien-être. Mais si des souches pathogènes pénètrent notre organisme, c’est la porte ouverte aux ennuis de santé.
E. coli n’a pas fini de nous étonner et de nous challenger. De nouvelles souches émergent régulièrement, profitant de l’évolution des modes de production alimentaire et des échanges mondiaux. Mais pas de panique ! En adoptant les bons gestes et en misant sur la recherche, nous avons toutes les cartes en main pour apprivoiser cette bactérie. E. coli fait partie de notre histoire depuis des millénaires et continuera à nous accompagner, pour le meilleur et pour le pire.