Croiser les jambes n’est pas qu’une mauvaise habitude posturale : ce geste réduit la libre circulation du sang dans les membres inférieurs, ce qui n’aide ni le retour veineux ni la prévention des caillots, surtout chez les personnes déjà à risque de thrombose veineuse profonde (TVP) ou en suivi post-embolie pulmonaire (EP).
TVP et EP : pourquoi il faut rester vigilant
Après une TVP, le risque de récidive est plus élevé que dans la population générale, avec une amplitude qui dépend de l’histoire médicale, des antécédents familiaux, de la localisation du caillot et des « déclencheurs » comme une hospitalisation prolongée, une chirurgie majeure (hanche/genou) ou un traumatisme.
Une embolie pulmonaire est une urgence : dyspnée brutale, douleur thoracique en pointe majorée à l’inspiration, tachycardie et toux parfois hémoptoïque doivent conduire à une prise en charge immédiate.
Les signes qui doivent alerter
Les symptômes typiques d’une TVP incluent un gonflement d’une seule jambe, une douleur ou sensibilité du mollet ou de la cuisse, une peau rouge/bleutée et un membre chaud au toucher; une consultation rapide est recommandée en cas de doute. L’EP se manifeste souvent par un essoufflement d’installation rapide, une douleur thoracique aiguë, un cœur qui s’accélère et, plus rarement, une toux avec crachats sanglants, nécessitant une prise en charge en urgence.
Pourquoi croiser les jambes pose problème
En comprimant mécaniquement des veines déjà soumises à la pression hydrostatique, les jambes croisées entravent le retour veineux et favorisent la stase sanguine, un des piliers de la triade de Virchow associée au risque de thrombose; des pauses actives et des mouvements de cheville (flexion/extension, cercles) sont recommandés dès que l’on est assis. L’organisation Stop the Clot rappelle que la bonne circulation est un pilier de la prévention des caillots et qu’il faut limiter les positions statiques prolongées.
S’asseoir moins, bouger plus : le protocole anti-stase
Toutes les deux heures, se lever et marcher quelques minutes, et, entre-temps, réaliser des exercices talon-orteils et des rotations de cheville pour stimuler la pompe veineuse du mollet. En voyage (voiture, train, avion), préférer une place permettant d’allonger les jambes, se lever dès que possible, s’hydrater, porter des vêtements amples, et envisager des bas de contention sur avis médical, voire une dose de faible héparine de bas poids moléculaire selon le profil de risque et la durée du trajet.
Après une EP : reprendre le souffle, graduellement
Une dyspnée d’effort et une gêne thoracique légère sont fréquentes au décours d’une EP; l’amélioration est progressive et l’activité aérobie, bien dosée, peut optimiser l’efficacité ventilatoire et la récupération. Le choix, l’intensité et la progression de l’exercice doivent être individualisés avec un professionnel de santé, la marche et la natation étant souvent de bons points d’entrée.
Anticoagulants : sécuriser le quotidien
Informer systématiquement médecins, infirmier(ère)s et dentistes de la prise d’anticoagulants, et suivre la surveillance (INR pour la warfarine) afin d’optimiser le rapport bénéfice/risque, la complication redoutée restant l’hémorragie. L’anxiété à l’arrêt d’un traitement anticoagulant est fréquente et mérite une discussion médicale afin d’évaluer le risque résiduel et, si besoin, les mesures adjuvantes de prévention.
Qui est le plus à risque ?
Deux profils dominent : l’insuffisance veineuse chronique (retour veineux altéré, jambes lourdes, varices) qui touche des millions de personnes en France, et l’hypercoagulabilité, d’origine génétique ou acquise (tabac, grossesse, etc.). En l’absence de traitement, une thrombose peut évoluer vers des complications graves, notamment l’embolie pulmonaire, responsable de plusieurs milliers de décès annuels en France, d’où l’importance d’un diagnostic et d’une prise en charge rapides.
Les indispensables de la prévention au quotidien
- Éviter de croiser les jambes et fractionner les temps assis par des marches régulières et des exercices de cheville, surtout au bureau et en voyage long courrier.
- Porter des bas de contention sur indication médicale si antécédents de TVP/EP ou insuffisance veineuse, et maintenir une activité physique adaptée et régulière.
- Signaler tout antécédent de TVP/EP en contexte d’hospitalisation ou de chirurgie, périodes à haut risque de récidive nécessitant des mesures de prophylaxie.
Quand consulter sans tarder
Toute jambe qui gonfle, devient douloureuse, chaude ou se colore en rouge/bleu impose un avis médical rapide pour exclure une TVP et prévenir l’EP. En cas de dyspnée brutale, douleur thoracique aiguë, tachycardie inexpliquée ou toux sanglante, il s’agit d’une urgence médicale qui doit être prise en charge immédiatement.
En résumé, préserver une bonne circulation, limiter la sédentarité et reconnaître vite les signes d’alerte restent les armes les plus simples et les plus efficaces contre la TVP et l’EP, avec des bénéfices majeurs pour celles et ceux déjà identifiés à risque.