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Les douleurs au dos sont un problème courant qui affecte plus de 619 millions de personnes dans le monde, et elle reste la principale cause de handicap à l’échelle mondiale. Au cours des trente prochaines années, ce chiffre devrait augmenter pour atteindre 840 millions de personnes.
“Je ne pense pas que cette réalité soit largement connue, et elle s’est aggravée pendant la pandémie lorsque les gens sont restés chez eux et n’ont pas eu accès à des soins appropriés”, explique Eric Hurwitz, professeur et directeur de l’Office of Public Health Studies (OPHS) à la Thompson School of Social Work & Public Health de l’université d’Hawaii à Mānoa. Hurwitz est un épidémiologiste qui étudie les problèmes de mal de dos depuis 30 ans.
Tout au long de sa carrière, le professeur Hurwitz a mené de nombreuses études sur l’efficacité des manipulations de la colonne vertébrale et d’autres thérapies pour traiter les douleurs de dos et autres pathologies souvent observées par les chiropracteurs. Dans ses recherches, il s’est intéressé aux populations les plus vulnérables, aux facteurs de risque et de protection, ainsi qu’aux meilleurs moyens de les gérer.
Son intérêt pour le traitement des douleurs au niveau du dos remonte à ses études de chiropraxie, où il a obtenu un doctorat en chiropraxie au Los Angeles College of Chiropractic. Il a suivi les conseils de ses professeurs et s’est orienté vers l’épidémiologie, ce qui lui a permis d’obtenir une maîtrise et un doctorat à l’UCLA. Hurwitz a rejoint la faculté de UH Mānoa en 2006, où il occupe depuis 2010 le poste de président du programme d’épidémiologie de l’OPHS.
En plus des risques reconnus de mal de dos, notamment le tabagisme, l’obésité et les facteurs ergonomiques professionnels, une étude(1) récente cosignée par Hurwitz a mis en évidence un lien avec la dépression. Les personnes souffrant de douleurs au dos étaient plus susceptibles de signaler des symptômes compatibles avec la dépression lors d’un suivi ultérieur, et les personnes souffrant de dépression étaient plus susceptibles de signaler des douleurs au dos par la suite. L’étude a porté sur plus de 2 000 adultes aux États-Unis sur une période de neuf ans.
“Tout comme les douleurs au dos et au cou, la dépression est également une cause majeure d’invalidité dans le monde entier”, rappelle le professeur Hurwitz.
Dans une autre étude(2) impliquant Hurwitz et ses collègues, les chercheurs ont utilisé des données de la National Health Interview Survey aux États-Unis et ont constaté que les problèmes cardiovasculaires, l’hypertension, le diabète ainsi que les troubles de santé mentale étaient associés à une probabilité plus élevée de douleurs vertébrales. L’étude a également trouvé des liens entre les rachialgies et les troubles cognitifs.
“Les prochaines étapes de ces recherches consisteront à comprendre les raisons de ces corrélations, à déterminer si elles ont des causes communes sur lesquelles nous pouvons intervenir et à évaluer l’efficacité de ces interventions”, a déclaré le professeur Hurwitz. “Nous avons besoin de plus d’études pour mieux comprendre les relations de cause à effet (s’il y en a) entre ces pathologies”.
Éviter les maux de dos
Comment faire face aux problèmes de dos les plus courants ? Hurwitz conseille : “Essayez de rester en mouvement, trouvez des exercices ou des activités physiques que vous aimez faire afin de continuer à les pratiquer. L’important est de rester actif et de maintenir un poids sain pour que votre dos ne soit pas trop sollicité. La sédentarité augmente en effet le risque de toutes ces pathologies musculo-squelettiques et non musculo-squelettiques”.
Hurwitz suggère de pratiquer la marche à pied, la natation et le vélo, ainsi que des activités visant à améliorer la mobilité et l’amplitude des mouvements, comme les exercices d’étirement, le yoga et le tai-chi.
“La plupart des douleurs de dos ne sont pas graves, mais si elles sont persistantes et qu’elles vous empêchent de bouger ou de dormir, ou qu’elles descendent le long de la jambe, il est alors temps de demander l’avis d’un professionnel de la santé”, ajoute-t-il.
Situation globale dans le domaine de la santé publique
Le professeur Hurwitz estime que la santé publique joue un rôle important dans la lutte contre le mal de dos et qu’il est nécessaire d’améliorer les efforts de coordination à plusieurs niveaux.
“Les stratégies qui incitent les personnes souffrant de douleurs ( mentales ou physiques, ou les deux ) à bouger davantage pourraient avoir des effets bénéfiques à grande échelle”, souligne Hurwitz. “Mais que pouvons-nous faire, non seulement individuellement, mais aussi collectivement, au sein de la société, sur le plan organisationnel et législatif, pour promouvoir la santé et le bien-être de chacun d’entre nous ?”
Il ajoute : “Même si nous avons de la motivation, des contraintes sociétales ou autres peuvent nous en empêcher, comme le manque de lieux adaptés pour faire du sport, l’impossibilité de s’offrir un abonnement à une salle de sport et les contraintes de temps liées à la multiplication des emplois.”
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Sources éditoriales et fact-checking