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En médecine du sport et du travail, les tests d’effort sont utilisés pour détecter les maladies latentes, pour surveiller le traitement ou pour mesurer la performance physique. Aussi appelée “électrocardiogramme (ECG) d’effort”, cette épreuve consiste à enregistrer l’activité électrique du cœur en soumettant la personne à des exercices physiques d’intensité croissante afin d’évaluer la réponse cardiaque(1).
Le décès des footballeurs Tim Nicot et Grégory Mertens avait déjà remis en question l’efficacité des épreuves d’effort. En effet, en France, La Société française de Cardiologie estime à environ 1000 cas par an le nombre de morts subites chez le sportif. Alors, s’il est donc tout à fait possible de passer un test à l’effort et de décéder quelques jours plus tard d’une mort subite, quel est l’intérêt de le réaliser ?
N’hésitez pas à continuer la lecture pour éclaircir des questions comme celle-ci et pour trouver les réponses à toutes vos interrogations sur l’épreuve d’effort.
Qui est concerné ? Qui doit faire une épreuve d’effort ?
Pour pratiquer une activité physique en sérénité, une visite annuelle d’aptitude est indispensable, tout sport et tout âge confondus. Cependant, à mode préventif et pour évaluer la santé plus profondément, le test d’effort est davantage préconisé.
Même s’il est tout à fait possible de passer le test d’effort à partir de l’adolescence, la Dr Tiana RAOUL prévient que les épreuves d’effort sont d’ailleurs fortement conseillées chez les sportifs de plus de 50 ans. En effet, c’est à partir de cet âge que l’on constate une augmentation des accidents cardiovasculaires issus de l’effort.
Également, les experts prônent aussi la réalisation du test tous les 5 ans. Il est pertinent de faire remarquer qu’une consultation urgente est primordiale en cas de symptômes tels qu’une douleur dans la poitrine, des palpitations, un malaise et une gêne respiratoire ou une fatigue inhabituelle à l’effort.
“Les indications sont diverses… On peut rechercher des limitations à l’exercice physique. Ces limitations peuvent d’être d’origine cardiologique, respiratoire ou dues à un déconditionnement par manque d’activité physique. L’épreuve d’effort permet également d’analyser les capacités physiologiques du sportif…” – explique Dr Raoul.
D’ailleurs, le test d’effort est conseillé pour ceux et celles qui veulent reprendre une activité physique et sportive, aux personnes préparant une preuve physique intense comme le marathon et aux sportifs de haut niveau. Il est également conseillé aux personnes présentant des facteurs de risques cardiovasculaires (hypertension, tabac, hypercholestérolémie, antécédents familiaux de maladies cardiaques…).
Ai-je besoin d’une prescription pour réaliser une épreuve d’effort ?
La Dr Tiana Raoul affirme que la prescription médicale n’est pas obligatoire pour réaliser cet examen. Par contre, elle permettra un remboursement au moins partiel par la sécurité sociale, en Métropole, ou par la CAFAT, en Nouvelle-Calédonie. “Pour réaliser un test d’effort, vous pouvez vous adresser à un des spécialistes concernés : cardiologues, médecins du sport ou pneumologues, quoique tout médecin généraliste se formant aux épreuves d’effort puisse réaliser cet examen”, dit-elle.
Dois-je être en forme pour réaliser un test d’effort ?
La Dr Raoul explique qu’il n’est pas nécessaire d’être spécialement en forme pour pratiquer l’épreuve d’effort puisque les capacités maximales à l’effort peuvent être atteintes même si le sujet se sent fatigué. En effet, on peut s’arrêter quand on se sent épuisé, car le test s’adapte à la forme de chaque personne. En revanche, il faut savoir qu’il existe certaines contre-indications à l’épreuve d’effort : l’impossibilité de faire du vélo, la nécessité de vivre avec de l’oxygène ou des contre-indications cardiaques, entre autres. En cas de doute, le mieux est de demander l’avis de son médecin traitant.
Comment se déroule un test d’effort ?
Tiana Raoul nous explique qu’il existe deux types d’épreuves d’effort : avec et sans analyse des échanges gazeux. Généralement, le cardiologue pratique une épreuve d’effort sans analyse des échanges gazeux uniquement pour rechercher une limitation cardiaque. Voici le déroulement d’un test d’effort AVEC analyse des échanges gazeux, c’est-à-dire avec une analyse de la consommation d’oxygène.
“L’épreuve d’effort dure entre 8 et 14 minutes. L’installation du patient est précise : on installe un capteur à l’oreille pour analyser la saturation en oxygène, un brassard au bras pour mesurer la pression artérielle toutes les deux minutes, des électrodes sur le thorax et le dos pour surveiller l’activité électrique du cœur et un masque sur le visage pour mesurer la consommation d’oxygène et le rejet de dioxyde de carbone.“
Elle raconte aussi que le patient est sur un vélo, un tapis de course ou un rameur. Il dispose de trois minutes d’échauffement, puis l’effort commence. Ensuite, l’intensité de l’effort monte petit à petit toutes les deux minutes. “Finalement, l’épreuve s’arrête lorsque le sujet est totalement épuisé, soit parce qu’il n’a plus de force pour pousser sur les pédales soit parce qu’il est trop essoufflé. Le médecin peut aussi arrêter l’épreuve d’effort s’il y a un critère d’arrêt sur le plan cardiorespiratoire tel que des troubles du rythme graves sur l’ECG d’effort ou une tension artérielle très élevée…” – explique-t-elle.
Un test d’effort est-il dangereux ?
En dehors des malaises bénins et des troubles du rythme, les complications lors de l’épreuve d’effort sont rares. Les chiffres annoncent un trouble du rythme ventriculaire grave qui requiert le recours aux chocs électriques pour environ 7 000 tests et un décès pour 70 000 tests(2).
En vue de réduire le risque d’accident cardiaque pendant le test, le patient est surveillé tout au long de l’épreuve. De plus, la Dr Raoul affirme que l’épreuve d’effort n’est pas dangereuse, car il existe des critères précis d’arrêt de l’épreuve d’effort. Elle explique que dès qu’un trouble du rythme grave apparaît à l’ECG d’effort, le médecin met fin à l’épreuve et l’adresse au spécialiste concerné pour approfondir les examens.
Le test d’effort prévient-il la mort subite ?
Malheureusement, même si l’on fait un test d’effort, il paraît que tout risque n’est pas exclu.
La mort subite lors de la pratique sportive représente souvent la manifestation d’une pathologie sous-jacente, presque toujours d’origine cardiovasculaire. L’épreuve d’effort permettant la détection précoce de troubles cardiaques est censée prévenir la mort subite. En revanche, nombreux sont les athlètes qui continuent à décéder chaque année en raison de cette affection.
Toutefois, la Dr Tiana Raoul affirme qu’un grand nombre de morts subites auraient déjà pu être évitées juste avec un électrocardiogramme (ECG) de repos au moment de la réalisation du certificat médical du sportif. Elle dénonce aussi le fait que beaucoup de médecins délivrent des certificats médicaux alors qu’aucun ECG de repos n’a été réalisé avant. Elle conseille, en cas d’anomalies visibles sur cet examen, d’approfondir avec une épreuve d’effort ou de s’adresser à un cardiologue pour écarter toute contre-indication à la pratique sportive.
À savoir que, en cas de doute, outre l’épreuve d’effort, les médecins peuvent proposer de faire une échographie du cœur. L’échographie, étant une preuve plus sensible, donne un complément d’information à l’électrocardiogramme (ECG). Elle permet de mesurer la taille et la fonction du cœur, d’observer l’épaisseur des parois, les valves, etc. Mais cette technique est coûteuse, c’est pourquoi il ne faut pas la mettre en œuvre chez tout le monde sinon uniquement chez ceux avec un ECG anormal ou des antécédents familiaux.
Le test d’effort aide-t-il à améliorer ma performance ?
Il y a de plus en plus de personnes amatrices de sport qui décident de faire appel aux médecins du sport et de réaliser un test d’effort visant à suivre l’évolution de leur forme.
De la même façon, l’épreuve d’effort peut être un outil très intéressant pour les athlètes, les coachs sportifs ou les kinésithérapeutes. D’un côté, il s’agit d’un test qui va prévenir d’une possible contre-indication à l’exercice physique. D’un autre, il est un bilan très complet de la condition physique de la personne et donne à connaître des paramètres importants lors de la planification de l’entraînement.
“L’épreuve d’effort permet d’analyser les performances physiologiques d’un athlète et d’avoir sa VO2max ainsi que ses seuils ventilatoires. La VO2 max est la quantité maximale d’oxygène que l’organisme peut utiliser par unité de temps. Les seuils ventilatoires correspondent à des phases de changement où le sportif se met à hyperventiler de manière plus importante. En fonction des seuils ventilatoires, l’athlète pourra travailler en endurance fondamentale (1er seuil ventilatoire) ou en fractionné (2e seuil ventilatoire) aux puissances et fréquences cardiaques obtenues à ces seuils. Pareillement, le sportif peut faire des séances moins difficiles en dessous du 1er seuil ventilatoire, en séance de récupération, ou au contraire, des séances de fractionnées très difficiles au-dessus du 2e seuil ventilatoire.” – précise la docteure Raoul.
En résumé, à l’aide d’un test d’effort, nous pourrons connaître des paramètres permettant d’adapter l’entraînement à nos propres capacités physiques. En conséquence, le fait de mieux cibler nos séances de sport améliorera davantage notre performance ou notre forme.
Sources éditoriales et fact-checking