Notre alimentation n’a jamais autant été sous le feu des projecteurs. Aliments trop gras, trop salés ou trop sucrés, inquiétudes au sujet des additifs et des pesticides, alcool : autant de raisons de surveiller de près le contenu de son assiette. Parfois même trop… ?
Qu’est-ce que l’orthorexie ?
C’est en 1997 que l’expression “orthorexie nerveuse” voit le jour, imaginée par le médecin Steven Bratman. L’étymologie est simple : orthos signifie “droit” en grec et orexis signifie “appétit”. En 2012, le terme trouve officiellement sa place dans Le Petit Larousse.
Une personne orthorexique est obsédée par l’idée de manger sain. Contrairement à la personne anorexique qui va être focalisée sur son apport en calories, elle réfléchit à la valeur nutritionnelle intrinsèque à chaque aliment. Les pesticides, colorants, conservateurs ou additifs néfastes à la santé sont également visés.
Certaines catégories sont bannies du régime alimentaire :
- Sucre ;
- Graisses ;
- Sel ;
- Produits laitiers ;
- Gluten ;
- Produits animaliers ;
- Nourriture non biologique ;
- Glucides ;
- Aliments transformés ;
- …
À raison ou non, le patient orthorexique s’interdit formellement de consommer ces produits, sans aucune exception. Cette pathologie va parfois de pair avec une vérification compulsive des étiquettes nutritionnelles. La moindre virée au supermarché devient particulièrement longue et source d’anxiété. Les personnes orthorexiques se renseignent également de manière obsessionnelle sur la manière d’avoir un mode de vie sain (blogs, vidéos, podcasts…). Leur alimentation n’est plus du tout intuitive, mais au contraire contrôlée à l’extrême.
Comment reconnaître les signes de l’orthorexie ?
Le docteur Steve Bratman a élaboré un questionnaire très simple, qui interroge votre rapport à la nourriture. Le voici :
- Passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?
- Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?
- Avez-vous l’impression que la valeur nutritionnelle de votre repas est à vos yeux plus importante que le plaisir de le déguster ?
- Percevez-vous que la qualité de votre vie est dégradée, alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée ?
- Êtes-vous récemment devenu plus exigeant(e) avec vous-même ?
- Avez-vous l’impression que votre amour-propre est renforcé par votre volonté de manger sain ?
- Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments “sains” ?
- Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?
- Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?
- Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sain ?
Si vous avez répondu oui plus de quatre ou cinq fois, attention : vous avez peut-être développé un trouble de l’orthorexie. Si vous souffrez de cette situation ou que vous avez la sensation d’avoir perdu le contrôle, vous devriez consulter votre médecin traitant ou un nutritionniste.
Pourquoi est-il dangereux d’être orthorexique ?
Difficile de percevoir les risques, alors même que la société tout entière nous exhorte à mieux manger. Lorsqu’on mange “healthy” au quotidien, on est souvent félicité par son entourage, qui ne se rend pas forcément compte du degré d’implication de la personne orthorexique. Pourtant, celle-ci peut en être affectée au point de développer de graves séquelles sur le long terme.
L’obsession de manger sain incite à adopter un comportement monomaniaque et à délaisser les autres sphères de sa vie (travail, famille, loisirs…). La personne souffrant de ce trouble voit également son estime de soi descendre en flèche au moindre “écart”. Elle aura tendance à couper peu à peu avec sa vie sociale, de peur de ne pas pouvoir s’alimenter correctement dans une ambiance festive.
Physiquement, l’orthorexie peut également être contre-productive. Se priver de certaines catégories d’aliments jugées “mauvaises”, telles que les lipides ou les glucides, est susceptible d’entraîner des carences sur le long terme. Manger sain à l’extrême risque de provoquer un ralentissement du métabolisme, préjudiciable à la forme générale. De plus, les orthorexiques couplent parfois cet état avec une addiction au sport, au risque de s’épuiser.
Enfin, le plus regrettable est certainement de se couper du plaisir de manger ! L’alimentation est indissociable de la notion de plaisir. Tout en gardant un œil sur ses apports, il est important de savoir lâcher-prise de temps en temps, tout simplement pour apprécier la vie… Après tout, ne dit-on pas que l’équilibre alimentaire se fait sur toute l’année, et pas sur un seul repas ?