Certains perçoivent les réseaux sociaux comme une seconde réalité, tandis que d’autres tentent de garder la priorité au monde réel. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont dirigées par un nouveau gouvernement, celui des réseaux. On observe un large spectre de réseaux avec des spécificités propres à chacun d’entre eux.
C’est à partir des années 2000 qu’on peut à proprement parler “des réseaux sociaux”. C’était tout nouveau, leur utilité était encore floue, mais leur croissance a explosé. En effet, on dénombre aujourd’hui 2 307 000 000 d’utilisateurs, soit 31% de la population mondiale.
Les réseaux sociaux sont une source quasi inépuisable d’informations. Alors que certains s’émerveillent devant des photos d’animaux ou de jolis paysages, d’autres s’en servent dans un but purement professionnel ou même pour partager une passion.
Bien entendu, comme dans chaque révolution, il y a des conséquences. Qu’en est-il de celles portant sur notre santé ? Et que se cache-t-il derrière cette facette idyllique ? Faisons le point.
Un sentiment d’appartenance
Les réseaux sociaux sont pour certains d’entre nous une échappatoire. Ils permettent en rentrant du travail après une dure journée de se laisser aller, de voguer d’un post à un autre en tentant de trouver un sujet captivant.
Ils permettent aussi d’assouvir ce besoin d’appartenance. C’est une réelle communauté virtuelle qui permet de se sentir entouré, écouté, compris et aimé. Les liens qui peuvent être établis à travers un réseau peuvent être comparables à certains liens amicaux, voire familiaux.
Des communautés se forment par passion commune. Que ce soit une passion culinaire, sportive, créative, littéraire, il est toujours plaisant d’être en contact avec une personne ayant un intérêt commun.
Par ces communautés, on observe un sentiment de solidarité, de générosité.
Outre ce côté bienveillant, il est extrêmement rapide de tomber dans un extrême.
Ainsi, dans une tout autre réalité, on observe une emprise sur certaines personnes. La communauté influence de manière trop importante sur la vie d’un individu pouvant ainsi porter atteinte à son intégrité mentale et physique. L’appartenance à un groupe social virtuel peut entraîner une privation de certaines libertés. Nos choix ne sont plus centrés sur nos besoins personnels, mais plutôt sur le regard que portera notre communauté.
Par peur d’être rejeté de tel ou tel groupe, ou se soumet alors à des normes qui ne sont pas forcément les nôtres.
Motivation/dépassement de soi
En cette période de confinement, les réseaux sociaux sont envahis de publications prônant le bien-être. Entre recettes “healthy” et cours de sport en direct, les posts sont nombreux.
Au-delà de la santé physique, on retrouve de plus en plus de conseils sur notre santé mentale. Certaines publications nous donnent des astuces sur la gestion de nos émotions. On associe désormais la santé physique à la santé mentale ce qui permet de travailler sur soi-même de manière exhaustive. On parle maintenant de coach de santé mentale, de coaching de vie.
Que découle-t-il réellement de ce flux d’information ?
Certains passent à côté, mais pour une autre partie, cela est une réelle source de motivation.
À travers les réseaux, certaines personnes puisent l’énergie pour se dépasser et entreprendre des changements dans leurs vies.
Les résultats sont remarquables : ils permettent un changement physique, une nouvelle vision, de nouveaux objectifs dans la vie.
Ils peuvent pousser chacun d’entre nous à atteindre un objectif qui jusque là nous paraissait impossible. La motivation de la communauté influe sur nos actions et lève certaines inhibitions.
Il est devenu très fréquent d’observer des pertes de poids remarquables chez des individus qui jusque là n’y arrivaient pas. À cet égard, les réseaux sociaux sont un tremplin vers un nouveau soi.
La junk-food disparaît peu à peu pour laisser placer à une alimentation plus saine, plus diversifiée. On croule désormais sous toutes sortes de recettes, et sous tous ces programmes d’entraînement physique qui donnent envie de se dépasser.

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Cependant, en parallèle de ce mouvement, on observe une réalité tout autre. Un nouveau business émerge brutalement, celui des placements de produits.
Nous idéalisons à chaque instant, que ce soit à travers une pub, que ce soit dans un magazine, et désormais cet idéal se voit être à portée de main.
C’est innovant, puisque Monsieur ou Madame tout le monde nous conseille désormais tel produit ou tel régime pour atteindre nos idéaux. Notre vision qui jusque-là était plus objective se voit attendrie, et subjectivée.
C’est un phénomène tout à fait normal puisque le fait de s’identifier à une personne crée une empathie et une écoute particulière.
Paradoxalement, dans une ère où on soutient une consommation éthique, locale et différente, on se trouve face à une véritable industrie.
Bien entendu il n’est pas question ici de généraliser tous ces produits et de les étiqueter comme toxiques ou néfastes.
Cette consommation relève de plusieurs sentiments, notamment d’un besoin d’appartenance et d’acceptation.
On consomme par ce que tel influenceur nous en prône les vertus, mais quand est-il de notre sens critique ?
Les “influenceurs” ne sont que les maillons de la chaîne. Derrière eux, ce sont les industries qui en tirent profit.
Les réseaux sociaux se veulent le plus clairs possible, le plus honnête, cependant, entre filtre et retouche il est difficile de s’y retrouver.
Ces derniers mois, la création de nouveaux filtres révèle une facette bien moins honnête. En première intention on trouve ça amusant, divertissant, mais l’objectif est de normaliser un certain stéréotype, souvent celui de la beauté occidentale.
À travers ces filtres on se transforme en un soi avec moins d’imperfections. Sans le vouloir et de manière inconsciente, on stigmatise une nouvelle fois les personnes différentes, et cela peut créer une forme de racisme.
Plus d’acné, des traits fins, des yeux clairs, un teint hâlé, c’est bien plus plaisant. Alors on se ment à nous même dans le but de renforcer un ego. Ce même ego qui accroît par le nombre de “like” et de “followers” ; et qui finit par nous faire oublier notre identité.
Qui aura la taille la plus fine ? Qui aura les hanches les plus larges ? C’est l’heure pour s’expérimenter aux logiciels de retouche…
Il en résulte que l’on observe de plus en plus l’apparition d’une nouvelle beauté idéalisée et stéréotypée ; un seul physique pour des millions d’individus.
Pour certaines personnes, tout cela n’est qu’un spectacle, leur sens critique permet de prendre du recul alors que pour d’autres, ces mensonges peuvent avoir un impact dévastateur.
Les troubles du comportement alimentaire, les dépressions, et d’autres troubles pathologiques sont de plus en plus fréquents(1)(2)(3).
Il n’est pas question de rejeter toute la faute sur les réseaux sociaux, mais prenons-les en considération.
Le besoin d’acceptation
Des mouvements positifs émergent, permettant à certains qui ne se reconnaissent pas forcément dans le stéréotype inculqué par les réseaux de s’accepter. On en revient ici au sentiment communautaire. On se reconnaît enfin à travers des individus qui partagent des traits en commun.
C’est le cas du mouvement body positive qui s’est développé en parallèle d’une période ou le culte du corps régit nos médias.
L’objectif initial est simple : chacun doit s’accepter comme il est, peu importe son physique.
Ainsi il n’est pas question de dénigrer les personnes “trop minces” ou “trop fortes”, mais bien au contraire, de soutenir qu’il n’existe pas qu’un seul physique. Le mouvement est basé sur une inclusion totale de chaque corps, de chaque personnalité, de chaque personne.

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La stigmatisation de l’apparence physique doit changer, et les différences interpersonnelles doivent devenir une force et ne plus être une honte.
À première vue cela part d’un bon sentiment avec un objectif commun : celui de s’accepter et d’être accepté par autrui.
Malheureusement cette révolution physique peut avoir des conséquences inattendues. À défaut d’observer un mouvement sincère et libératoire, il peut en émerger des contestations plus ou moins importantes.
Dans chaque communauté, une petite partie est dite extrême. Ainsi, cette déviance pousse certains adeptes à juger, critiquer et détester une certaine catégorie d’individus. C’est le cas parfois pour des mannequins qui par exemple se font littéralement lyncher sur les réseaux au vu de leur physique.
Bien entendu, je suis convaincue que cette révolution du physique a beaucoup plus d’impact positif, mais il ne faut pas pour autant en négliger les effets délétères. Il est difficile pour ces mouvements d’avoir des conséquences uniquement bienveillantes, car dans toutes les communautés, réelles ou virtuelles, personne ne peut être d’accord sur tout.
C’est le cas chez certains obèses qui soutiennent le fait qu’ils sont en bonne santé tandis que d’autres pointent du doigt leur IMC et leur taux de graisse viscérale.
Que faut-il faire ? Boycotter les réseaux sociaux, les médias ?
Je pense qu’il faut simplement apprendre à vivre avec ce nouvel outil générationnel. C’est dans ce genre de contexte que notre sens critique doit être utilisé.
Savoir se détacher de certains réseaux c’est aussi préserver son identité. Il faut donc savoir se servir des réseaux à bon escient.
Références