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Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des affections psychologiques complexes qui provoquent l’apparition de comportements alimentaires malsains et obsessionnels. Bien que le terme “alimentation” soit présent dans leur appellation, ces troubles concernent bien plus que la nourriture. Ils affectent la santé physique et mentale des personnes qui en souffrent.
Ces troubles, décrits dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) de l’Association américaine de psychiatrie, comprennent des problèmes dans la manière de penser à la nourriture, à l’alimentation, au poids et à la silhouette, ainsi que dans les comportements alimentaires eux-mêmes.
Prévalence
Les troubles du comportement alimentaire sont très répandus. En France, on estime qu’environ 1 million de personne ont ou ont eu un trouble alimentaire à un moment de leur vie. Ces troubles figurent parmi les maladies mentales les plus mortelles, juste après les overdoses d’opioïdes.
Conséquences sur la santé
Si les TCA ne sont pas traités efficacement, ils peuvent devenir des problèmes chroniques et même causer la mort dans certains cas. En effet, ils peuvent nuire au cœur, au système digestif, aux os, aux dents et à la bouche. Ils peuvent également conduire à d’autres maladies. De plus, ils sont liés à la dépression, à l’anxiété, à l’automutilation et aux pensées suicidaires.
Principaux TCA
Les troubles du comportement alimentaire les plus courants sont :
- L’anorexie mentale ;
- La boulimie ;
- L’hyperphagie boulimique.
La plupart des troubles alimentaires impliquent une focalisation excessive sur le poids, la silhouette et la nourriture. Cela peut conduire à des comportements alimentaires dangereux qui nuisent gravement à la capacité d’obtenir les nutriments dont le corps a besoin.
Causes et facteurs
Les causes exactes des troubles alimentaires ne sont pas claires. Comme pour de nombreux problèmes de santé mentale, une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux peut contribuer à leur développement.
Facteurs biologiques
Certains troubles alimentaires, en particulier l’anorexie mentale, semblent être liés à des anomalies du fonctionnement de certaines zones du cerveau, notamment celles impliquées dans la régulation des émotions. Des facteurs génétiques et hormonaux peuvent également jouer un rôle.
Facteurs psychologiques
Des expériences traumatisantes pendant l’enfance, comme des abus ou le décès d’un être cher, semblent accroître le risque de troubles alimentaires. Certains traits de personnalité, comme le perfectionnisme, le manque d’estime de soi ou des difficultés à gérer ses émotions, sont également des facteurs de risque.
Facteurs environnementaux
Vivre dans une culture qui valorise la minceur, surtout chez les femmes, est un facteur de risque important. Le harcèlement et les moqueries sur le poids pendant l’enfance ou l’adolescence peuvent également contribuer à l’apparition de troubles alimentaires.
Symptômes et diagnostic
Chaque type de trouble alimentaire a ses propres symptômes et critères de diagnostic.
Anorexie mentale
L’anorexie mentale se caractérise par une restriction alimentaire extrême menant à une perte de poids sévère. Les personnes anorexiques ont une peur intense de grossir et une perception déformée de leur corps.
Symptômes
- Perte de poids extrême menant à un indice de masse corporelle inférieur à 17,5 kg/m2
- Peur intense de grossir
- Distorsion de l’image du corps avec focalisation excessive sur le poids et la silhouette
- Absence de règles pendant au moins 3 cycles menstruels consécutifs (chez les femmes)
Critères de diagnostic
Pour être diagnostiquée anorexique, une personne doit remplir certains des critères suivants selon le DSM-5 :
- Restriction des apports énergétiques par rapport aux besoins, conduisant à une perte de poids significative
- Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, même avec un poids très bas
- Altération de la perception de son poids ou de sa silhouette, influence excessive du poids sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur
Boulimie
La boulimie est caractérisée par des épisodes récurrents de crises de suralimentation incontrôlables, suivies de comportements compensatoires inappropriés pour contrôler son poids comme des vomissements provoqués.
Symptômes
- Épisodes récurrents de crises de suralimentation avec ingestion d’une grande quantité de nourriture en peu de temps ;
- Sentiment de perte de contrôle pendant les crises ;
- Comportements compensatoires inappropriés comme des vomissements provoqués, prise excessive de laxatifs, jeûne, exercice physique excessif ;
- Recherche obsessionnelles des meilleures techniques pour se faire vomir ;
- Focalisation excessive sur le poids et la silhouette.
Critères de diagnostic
Pour être diagnostiquée boulimique, une personne doit remplir certains des critères suivants selon le DSM-5 :
- Survenue récurrente de pulsion alimentaire ;
- Comportements compensatoires inappropriés pour prévenir la prise de poids comme des vomissements provoqués, usage abusif de laxatifs, diurétiques ou autres médicaments, jeûne, exercice physique excessif ;
- Les crises de suralimentation et les comportements compensatoires surviennent au moins une fois par semaine pendant 3 mois ;
- L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la silhouette.
Hyperphagie boulimique
L’hyperphagie boulimique, aussi connue sous le terme de “binge eating disorder”, se caractérise par des épisodes récurrents de crises de suralimentation sans recours aux comportements compensatoires observés dans la boulimie.
Symptômes
- Épisodes récurrents de crises de suralimentation ;
- Sentiment de perte de contrôle pendant les crises ;
- Absence de comportements compensatoires inappropriés ;
- Consommation rapide de grandes quantités de nourriture ;
- Manger jusqu’à se sentir inconfortablement rassasié ;
- Manger largement plus que la normale en l’absence de sensation de faim ;
- Manger seul par gêne de la quantité mangée ;
- Détresse marquée concernant les crises de suralimentation.
Critères de diagnostic
Pour être diagnostiquée avec une hyperphagie boulimique, une personne doit remplir certains des critères suivants selon le DSM-5 :
- Survenue récurrente de crises de suralimentation.
- Les crises sont associées à 3 des caractéristiques suivantes :
- Manger beaucoup plus rapidement que la normale ;
- Manger jusqu’à se sentir inconfortablement rassasié ;
- Manger de grandes quantités de nourriture en l’absence de sensation physique de faim ;
- Manger seul par gêne de la quantité ingérée ;
- Se sentir dégoûté de soi, déprimé ou très coupable après.
- Détresse marquée concernant les crises de suralimentation.
- Les crises surviennent en moyenne au moins 1 jour par semaine pendant 3 mois.
Orthorexie
L’orthorexie est un comportement alimentaire à risques qui consiste en une obsession de manger sainement. Elle touche particulièrement les sportifs, notamment ceux pratiquant des sports d’endurance, des sports à catégories de poids ou des sports esthétiques comme la musculation ou le CrossFit.
Plusieurs raisons expliquent la prévalence de l’orthorexie chez les sportifs :
- La recherche d’amélioration des performances : les sportifs orthorexiques voient dans leur régime alimentaire restrictif un moyen d’augmenter leurs capacités physiques.
- L’addiction aux endorphines sécrétées pendant l’effort, poussant à toujours plus de restrictions alimentaires.
- Le perfectionnisme et le contrôle extrême sur l’alimentation et le corps chez certains sportifs.
- La focalisation sur le poids et l’apparence physique dans les sports à catégories de poids ou les sports esthétiques.
L’orthorexie peut évoluer vers un trouble alimentaire plus sévère comme l’anorexie. Elle conduit à un isolement social du fait des restrictions alimentaires, et à terme à une souffrance psychique importante
Évolution et pronostic
Sans traitement, les troubles alimentaires, en particulier l’anorexie mentale, peuvent devenir chroniques et durer toute la vie. Ils sont associés à des taux élevés de rechutes et de mortalité.
Avec un traitement précoce et adapté, associant une prise en charge médicale, nutritionnelle et psychologique, de nombreuses personnes parviennent à se rétablir complètement. Plus le diagnostic et la mise en route du traitement sont précoces, meilleures sont les chances de guérison.
Traitements
La prise en charge des troubles alimentaires nécessite généralement une approche multidisciplinaire avec plusieurs professionnels de santé : médecins, psychologues, diététiciens.
Objectifs du traitement
Les principaux objectifs sont :
- Restaurer le poids et les apports nutritionnels à un niveau normal ;
- Traiter les complications médicales et psychiatriques ;
- Aider la personne à adopter une alimentation saine et régulière ;
- Travailler sur l’image du corps et l’estime de soi ;
- Prévenir les rechutes à long terme.
Traitements médicaux
- Suivi médical rapproché pour surveiller l’état physique général, le poids, les carences nutritionnelles, etc.
- Réalimentation et réhabilitation nutritionnelle progressive avec l’aide d’un(e) diététicien(ne)
- Traitements médicamenteux :
- antidépresseurs pour traiter les troubles de l’humeur associés ;
- médicaments pour réduire les envies irrépressibles de nourriture (craving) dans la boulimie et l’hyperphagie boulimique.
Psychothérapies
Plusieurs types de psychothérapies, seules ou en combinaison, peuvent être proposés comme :
- Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) pour modifier les pensées et comportements dysfonctionnels ;
- Thérapies familiales, surtout chez les adolescents, pour améliorer la communication et les interactions familiales ;
- Thérapies psychodynamiques pour explorer l’histoire personnelle du patient et comprendre l’origine de ses difficultés.
Hospitalisation
Dans les cas sévères ou en cas de complications médicales graves, une hospitalisation peut être nécessaire, par exemple pour :
- Surveiller étroitement l’état de santé général ;
- Assurer une réalimentation adaptée en cas de dénutrition sévère ;
- Garantir le repos et la sécurité du patient ;
- Permettre un suivi psychothérapeutique intensif.
L’hospitalisation est toujours décidée en accord avec le patient et sa famille. Sa durée est adaptée à chaque situation.
Prévention des TCA
Bien que tous les facteurs de risque ne soient pas contrôlables, certaines stratégies de prévention à l’échelle individuelle et collective peuvent réduire les risques de troubles alimentaires :
Au niveau individuel
- Favoriser une image corporelle positive et l’estime de soi chez les enfants et adolescents ;
- Encourager une alimentation équilibrée et la pratique régulière d’activité physique ;
- Apprendre à gérer stress et émotions négatives par des techniques comme la méditation pleine conscience.
Au niveau collectif
- Lutter contre les diktats sociétaux de minceur, notamment dans les médias ;
- Former les professionnels de santé au dépistage et à la prise en charge précoce des TCA ;
- Sensibiliser le grand public aux signes d’alerte des troubles alimentaires ;
- Soutenir les associations de patients et les initiatives de prévention en milieu scolaire.
Ressources et soutien
Si vous pensez souffrir d’un trouble alimentaire ou connaissez quelqu’un qui pourrait en souffrir, n’hésitez pas à consulter et à demander de l’aide. Plusieurs options s’offrent à vous :
- Votre médecin traitant est un premier interlocuteur qui pourra vous orienter vers des spécialistes ;
- Les associations de patients proposent écoute et soutien par téléphone ou en ligne ;
- Les urgences hospitalières prennent en charge les cas graves (dénutrition sévère, idées suicidaires, etc.) ;
- Des applications mobiles d’auto-assistance guident dans la gestion au quotidien.
Avec un soutien adapté et en suivant les recommandations des professionnels de santé, il est possible de se rétablir pleinement d’un trouble alimentaire. N’hésitez pas à faire le premier pas !