Nos dérives alimentaires sont souvent la réponse à un état émotionnel créé par les soucis de la vie quotidienne. De la quête de soi à un état d’harmonie.
Nos soucis personnels ou professionnels peuvent créer des pulsions alimentaires inadaptées. Par ailleurs, nos sociétés occidentales stressantes nous incitent à consommer plus, au moyen de publicités séduisantes, et nous véhiculent, dans le même temps, des images de corps parfaits.
Décrypter ces phénomènes pervers permet de prendre conscience que notre corps est unique et que notre entité, notre moi intime, résulte d’une harmonie entre un corps en bonne santé et une forme qui nous ressemble. Gérer nos émotions, rester à l’écoute de notre corps, c’est être capable de lui apporter ce dont il a besoin tout en lui épargnant le superflu, c’est perdre du poids sans avoir à entreprendre un régime déséquilibrant.
L’image de soi
Face aux anxiétés quotidiennes, une réaction naturelle est la recherche de douceurs : recherche d’aliments sucrés comme moyen d’apaisement. C’est un mécanisme de compensation existentiel face à une énergie négative. C’est une façon de soulager transitoirement son état, de se réconforter, de nourrir sa psyché. Mais ce système ne fonctionne plus quand on se met à culpabiliser et l’effet réconfortant de la nourriture disparaît sous les formes générées par la culpabilité. On continue alors de manger pour apaiser un mal-être sans cesse croissant.
Et quand on n’aime pas l’image que l’on a de soi, on veut la changer. L’image du corps idéal, elle, nous est transmise par les médias. Elle se faufile à travers les spots publicitaires, les journaux, les défilés, le monde du show-business… De nos jours, pour certains, elle a pris une importance cruciale. Elle nous renvoie à l’estime de soi. Elle veut nous faire croire qu’y ressembler, c’est accéder au bonheur.
C’est l’intégrisme de l’apparence, basé sur le culte de la minceur. Comme si la moindre rondeur était une atteinte à l’image du corps idéal.
Un décalage s’installe ainsi entre ce que le corps représente dans notre moi profond et l’image recherchée, virtuelle, que nous renvoie cette société impersonnelle et mercantile.
Or les échecs répétés des régimes amènent à une mésestime de soi, vécus alors comme un échec personnel. Il est donc nécessaire, en premier lieu, de dépister et d’évaluer les dérives alimentaires à risque (si besoin, se faire aider par un spécialiste).
Troubles des conduites alimentaires
Les troubles des conduites alimentaires sont l’expression réactionnelle d’un mal-être personnel et peuvent s’exprimer sous plusieurs formes : la boulimie, l’anorexie, l’hyperphagie, le craving et l’orthorexie alimentaire.
La boulimie et l’anorexie dans leur forme sévère nécessitent le recours à un spécialiste.
Dans la boulimie, se nourrir est le meilleur moyen d’apaiser une souffrance existentielle. Elle s’exprime, principalement, par une surconsommation d’aliments sucrés : bonbons, chocolats, gâteaux, boissons sucrées… Le besoin du sucré peut apparaître à tout moment de la journée, amenant au grignotage permanent. De la douceur dans un monde de brutes !
Dans les grandes villes, l’accès à cette nourriture est toujours plus facile. Les enseignes de restauration rapide nous incitent par des couleurs et des odeurs à avoir toujours faim.
Les changements hormonaux aidant, le poids se met à grimper, créant un décalage entre un corps qui se transforme et l’image de soi que l’on aimerait modifier. L’image physique du corps ne correspond plus du tout à ces corps de rêve véhiculés par les médias. Cette transformation corporelle est mal vécue. Le besoin de maigrir rapidement devient une priorité.
À l’inverse de la boulimie peuvent s’installer des tendances anorexiques : le seul moyen envisagé pour maigrir est de restreindre l’alimentation, souvent en dessous des besoins nutritionnels quotidiens.
Des repas sont souvent sautés. Se faire vomir est fréquent. La nourriture devient l’ennemi absolu en même temps que la préoccupation de chaque instant, s’interdisant même de penser à autre chose. Chaque aliment est étudié dans sa valeur calorique. Il y a obsession de la balance avec pesée plusieurs fois par jour. Deux tiraillements apparaissent : celui d’un corps qui réclame physiologiquement sa nourriture quotidienne et celui de l’image d’un corps idéal.
Le prétendu culte du corps devient tout au contraire la haine du corps. C’est le refus à un besoin élémentaire de l’être humain : celui de manger à sa faim et d’y prendre plaisir.
Et puis tout bascule à nouveau. À force de frustrations, le corps et le cerveau lâchent. Il se produit une rupture brutale de la “ceinture” imposée. Reviennent alors les états boulimiques. C’est le système yo-yo avec ses alternances boulimie-anorexie et tous ses effets pervers sur la santé et sur le moral.
L’hyperphagie est le besoin de manger sans aucun contrôle de soi et de son poids (c’est le binge eating disorder des Anglo-Saxons). En période de crise, les quantités ingérées dépassent largement ce que la plupart des individus sont capables de manger. À la différence de la boulimie, il n’y a aucun sentiment de culpabilité.
Le craving est un autre comportement extrême du rapport à l’aliment. La traduction de ce mot anglais serait : “désir ardent, appétit insatiable”. C’est le besoin frénétique de manger par compensation, souvent, de restrictions trop sévères. Chez beaucoup de jeunes, insatisfaits de leur poids, enchaînant régime sur régime, le sentiment de frustration est tel qu’ils peuvent traverser des épisodes de craving avec un besoin irrésistible de se nourrir. Ils ne peuvent plus du tout se contrôler.
Dans l’orthorexie, l’idée que des aliments puissent être nocifs pour la santé amène certaines personnes à développer une méfiance envers certains aliments et à s’imposer des règles trop strictes, en dépit du bon sens et pas toujours prouvées par la médecine. Si pour certains la consommation de lait de vache, de viande ou de gluten peut être nocive, et donc à juste titre évitée, pour d’autres la consommation de sucres et de matières grasses est simplement l’objet de leurs craintes. Cela peut amener à des comportements trop rigides où l’alimentation devient une obsession. La notion du plaisir alimentaire n’existe plus.
Pour répondre à un stress inhérent à nos modes de vie, face à une société toujours plus agressive, souvent dans un contexte de compétition, il faut trouver des parades à nos dérives réactionnelles. La meilleure réponse pour drainer ces mauvaises énergies est la pratique d’activités sportives, de techniques de relaxation, et une alimentation saine libérée des influences industrielles et des effets de mode.
Dans la quête de soi
Notre corps est une horloge qui a besoin de rythmes harmonieux pour fonctionner. C’est cette harmonie-là que l’on se doit de retrouver.
L’harmonie sportive
La société actuelle, pour nous faciliter la vie, nous incite à la sédentarité. Les transports en commun, la voiture, les escaliers mécaniques et les ascenseurs sont utiles, mais ne nous font consommer aucune calorie. Il faut donc bouger : marcher le plus possible tous les jours, avoir une mobilité dans tous nos trajets quotidiens. De 30 à 45 minutes de marche par jour suffisent. Comme on dit : “Bougez, éliminez !”
Une activité sportive est la bienvenue. Tout sport qui “bouge” est bon : la course à pied, le vélo, les exercices en salle de gym… Le sport est un loisir : en choisir un qui plaise, facile d’accès, à pratiquer été comme hiver. Une ou deux heures de sport hebdomadaires suffisent. L’important n’est pas la quantité, mais la régularité. On peut pratiquer des activités sportives chez soi comme le vélo d’appartement, le rameur… ou encore suivre de petits programmes vidéos de coaching sportif.
L’activité physique permet par ailleurs d’être mieux à l’écoute de son corps et de lui procurer l’alimentation qui lui convient.
L’harmonie nutritionnelle
Manger est et doit rester un plaisir. La gestion de notre métabolisme se fait par le choix de nos aliments. Il est “programmé” pour consommer des aliments naturels : des légumes, des fruits, des protéines (animales et/ou végétales). Pour que ces aliments soient utilisés au mieux par notre organisme, ils doivent être cuisinés de manière simple : on peut rehausser le goût par l’ajout de sel (en petite quantité), de poivre, d’épices, d’aromates…
Au fil du temps, on les a “améliorés” en ajoutant des ingrédients dont le corps ne sait que faire. L’attirance permanente vers des aliments trop gras et/ou trop sucrés n’est pas un hasard. Elle est le résultat délibéré d’une politique commerciale dont l’unique but est de nous faire consommer.
Manger sain pour garder un corps sain, c’est aussi faire le choix de nos aliments et les préparer nous-même pour être sûr de ce que nous mangeons.
Par ailleurs, un litre et demi d’eau quotidien est nécessaire pour renouveler l’eau de notre organisme.
Des techniques pour se recentrer
Différentes techniques permettent d’aider à se recentrer sur soi. L’aide d’un thérapeute peut être utile pour faciliter ce travail. Car le stress quotidien, les sources d’anxiété, d’où qu’elles viennent, peuvent empêcher de trouver la voie vers l’apaisement et la sérénité d’esprit.
La psychothérapie cognitivo-comportementale est de plus en plus utilisée pour gérer le rapport entre émotions et alimentation. Elle permet d’analyser et de faire prendre conscience du lien existant entre les deux. Les étapes sont successives pour amener à la fois au bien-être, à la confiance en soi et à la gestion des émotions sans recourir forcément à des compensations alimentaires ou autres.
L’hypnose apporte l’assurance en calmant les angoisses et indirectement les dérives alimentaires compensatoires. Il existe une forme spécifique de l’hypnose : c’est l’autohypnose. Elle consiste à s’auto-induire un état hypnotique par différentes techniques de concentration sur soi. Généralement, cette technique est enseignée par un hypnotiseur, mais peut aussi s’apprendre seul avec l’aide d’un support livre ou audio.
La sophrologie peut aussi aider à calmer les émotions. Cette technique de développement personnel permet de prendre conscience de soi en tenant compte de sa propre histoire. Par des techniques de coaching, elle amène progressivement vers un état de bien-être.
Les techniques de la pleine conscience permettent de porter attention à l’instant présent. Cette pratique tirée du bouddhisme amène à prendre conscience de son corps dans un environnement donné et examiner les sensations qui se présentent à l’esprit. C’est une forme de méditation qui expérimente le corps et l’esprit pour tout nettoyer et tout purifier. Elle permet la réduction du stress et recentre la personnalité, évitant ainsi le recours à des dérives alimentaires ou à l’utilisation de psychotropes.
Le yoga également, comme technique de méditation, permet de retrouver la sérénité.
La cohérence cardiaque est le nom donné par des chercheurs américains à un phénomène réflexe amenant à un contrôle de ses émotions. Ils se sont aperçus que le cerveau et le cœur fonctionnaient ensemble à travers le système neurovégétatif. Un état de stress peut amener un déséquilibre fonctionnel entre ces deux organes. Et c’est par des exercices respiratoires simples que l’on peut rétablir l’harmonie et prendre le contrôle et la gestion de ses émotions. Et ainsi, indirectement, agir sur ses pulsions alimentaires à risque.
En forme et en harmonie
Apprendre à gérer ses émotions conduit à manger sainement, donner à son corps les nutriments qui lui sont nécessaires et adopter une bonne hygiène physique et sportive. C’est l’amener à fonctionner le plus naturellement possible et lui donner la possibilité d’atteindre son poids et sa forme d’équilibre. C’est le mettre en harmonie.