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Selon une étude publiée ce mois d’octobre 2019 dans le Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry, des anti-inflammatoires comme l’ibuprofène et l’aspirine seraient une alternative efficace pour soigner la dépression. Ils pourraient même remplacer les antidépresseurs !
Plus d’un français sur dix souffre de dépression et prends un traitement alors que ces médicaments ne fonctionneraient pas pour environ 30 % d’entre eux. Pire encore, ils pourraient même provoquer des effets secondaires tels que nausées, insomnie(1), prise de poids(2) et des pensées suicidaires(3).
D’après une analyse de 30 études portant sur 1 610 personnes, les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) se sont révélés 79 % plus efficaces contre la dépression qu’un placebo. Tel est le constat des chercheurs de l’Université des Sciences et Technologies de Huazhong en Chine, ayant effectué l’analyse.
L’étude a également révélé que d’autres anti-inflammatoires comme les statines et les acides gras oméga-3 combattent également la dépression, et que ces médicaments augmentent l’efficacité des antidépresseurs quand ils sont pris ensemble.
Les traitements actuels contre la dépression sont en grande partie axés sur la restauration des substances chimiques qui stimulent l’humeur dans le cerveau, comme la sérotonine, mais les chercheurs pensent maintenant que la cause pourrait être un système immunitaire trop actif qui provoque une inflammation dans tout le corps avec pour conséquence des sentiments d’insatisfaction, de mal-être et de fatigue.
En effet, ce phénomène s’apparente au sentiment de déprime que ressentent souvent les gens lorsqu’ils luttent contre un virus comme la grippe.
Les médecins avaient déjà observé un lien entre l’inflammation et la dépression, notamment en constatant que les personnes qui se font vacciner ressentent souvent une sensation de morosité (lorsque leur système immunitaire se mobilise) après l’injection du vaccin(4).
Il en va de même pour les personnes atteintes de maladies auto-immunes (comme la polyarthrite rhumatoïde où le système immunitaire est hors de contrôle), qui sont beaucoup plus susceptibles de souffrir de dépression(5). Plusieurs études ont également signalé que les marqueurs de l’inflammation sont plus élevés chez les personnes déprimées, et qu’ils diminuent à mesure que leur état s’améliore(6).
Le système immunitaire déclenche une réaction inflammatoire lorsqu’il se sent menacé, provoquant des changements de grande ampleur dans l’organisme, comme l’augmentation des globules rouges, pour anticiper la nécessité éventuelle de guérir rapidement une blessure.
Les scientifiques pensent que la dépression qui lui est associée peut avoir apporté un avantage évolutif à nos ancêtres. Si un membre malade d’une tribu devenait déprimé et se repliait sur lui-même, cela empêcherait la transmission d’une maladie à ses proches(7).
Il a fallu beaucoup de temps pour établir ce lien, car jusqu’à tout récemment, les scientifiques pensaient que le cerveau était complètement isolé du système immunitaire, retranché derrière la barrière hémato-encéphalique.
Aujourd’hui, des études récentes ont montré que les cellules nerveuses du cerveau sont connectées au système immunitaire. Environ 60 % des personnes qui consultent un cardiologue pour des douleurs thoraciques n’ont pas de problème cardiaque, mais souffrent d’anxiété(8).
Commentant cette recherche, le professeur Ed Bullmore, chef du département de psychiatrie de l’Université de Cambridge, a déclaré : “Cela devrait encourager la poursuite des études sur les moyens d’utiliser divers anti-inflammatoires pour aider les personnes souffrant de dépression, en particulier ceux qui prennent déjà un antidépresseur conventionnel avec un bénéfice limité.”
Affaire à suivre…
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Sources éditoriales et fact-checking