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Dans le monde du sport de haut niveau, la quête de la performance optimale pousse parfois les athlètes à adopter des pratiques risquées. Parmi celles-ci, la perte de poids rapide avant une compétition est un phénomène répandu, particulièrement dans les sports d’endurance et les disciplines à catégories de poids. Mais attention ! Cette stratégie, loin d’être la solution miracle espérée, pourrait bien se révéler contre-productive.
Une pratique courante aux conséquences méconnues
Imaginez-vous à quelques semaines des Jeux Olympiques de Paris. Vous êtes un athlète de haut niveau, et votre objectif est clair : être au top de votre forme le jour J. Pour y parvenir, vous pensez qu’il faut absolument perdre ces quelques kilos “superflus”. Erreur ! Cette idée, pourtant largement répandue, pourrait bien vous jouer des tours.
Pourquoi les athlètes cherchent-ils à perdre du poids ?
Plusieurs raisons peuvent pousser un sportif à vouloir perdre du poids rapidement :
- Se qualifier dans une catégorie de poids inférieure ;
- Améliorer ses performances (en théorie) ;
- Correspondre à certains standards esthétiques de leur discipline.
Malheureusement, cette quête du “poids idéal” peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé et les performances des athlètes. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Redox Biology(1) par des chercheurs de l’Université de Copenhague.
L’étude qui change la donne
Les scientifiques danois ont mené une expérience sur douze triathlètes féminines pour mesurer les effets d’un apport calorique insuffisant sur leurs performances et leur santé. Les résultats sont sans appel et méritent qu’on s’y attarde.
Le protocole de l’étude
- Phase 1 (14 jours) : apport calorique normal et entraînement habituel ;
- Tests de performance ;
- Phase 2 (14 jours) : réduction de 50 % de l’apport calorique, maintien de l’entraînement ;
- Nouveaux tests de performance.
Des résultats alarmants
Après seulement deux semaines de restriction calorique, les effets négatifs se sont fait sentir de manière significative. Voici ce que les chercheurs ont observé :
1. Perte de poids et de masse musculaire
Les athlètes ont perdu en moyenne 4 % de leur poids corporel. Mais attention, ce n’est pas une bonne nouvelle ! La moitié de cette perte correspondait à de la masse musculaire. Or, les muscles sont essentiels pour les performances sportives.
2. Chute des performances
Les résultats des tests sont sans appel :
- Baisse de 7,7 % des performances lors d’un contre-la-montre de 20 minutes à vélo ;
- Chute jusqu’à 18 % des performances lors d’un test intense à court terme.
Ces chiffres sont loin d’être anodins. Imaginez un peu : vous vous entraînez dur pendant des mois, voire des années, pour gagner quelques précieux pourcentages de performance… et vous en perdez presque 20 % en deux semaines de régime !
3. Impact sur le système immunitaire
La restriction calorique a également eu des effets néfastes sur les défenses immunitaires des athlètes :
- Augmentation importante du taux de cortisol (hormone du stress) ;
- Hausse dramatique du niveau de stress dans les cellules immunitaires.
Ces changements rendent les sportifs plus vulnérables aux maladies, ce qui est évidemment problématique à l’approche d’une compétition importante.
Les femmes particulièrement à risque
Si cette pratique est dangereuse pour tous les athlètes, elle l’est encore plus pour les femmes. Le Professeur Ylva Hellsten, de l’Université de Copenhague, souligne :
“C’est particulièrement problématique chez les sportives féminines. Nous savons que le fait de ne pas manger suffisamment est associé à de nombreux ennuis de santé, comme des troubles de règles, des problèmes osseux ou encore des changements dans le métabolisme.”
Ces problèmes de santé peuvent avoir des conséquences à long terme sur la carrière sportive, mais aussi sur la qualité de vie des athlètes après leur carrière.
L’importance d’une approche holistique de la performance
Cette étude nous rappelle que la performance sportive ne se résume pas à un chiffre sur une balance. C’est un équilibre complexe entre entraînement, récupération, alimentation et santé mentale. Négliger l’un de ces aspects peut avoir des conséquences désastreuses sur les autres.
Les chercheurs de l’Université de Copenhague insistent sur la nécessité de changer les mentalités :
“Nous devons remettre en question cette culture qui persiste dans le monde du sport. Que faisons-nous réellement à nos athlètes, tant sur le plan physique que psychologique ?”
Cette question est cruciale, non seulement pour les performances à court terme, mais aussi pour la santé et le bien-être des athlètes sur le long terme.
Ce qu’il faut retenir
L’étude menée par l’Université de Copenhague met en lumière les dangers d’une pratique encore trop répandue dans le sport de haut niveau. La perte de poids rapide avant une compétition n’est pas seulement inefficace, elle est potentiellement dangereuse pour la santé et les performances des athlètes.
Il est temps pour le monde du sport de prendre conscience de ces risques et d’adopter une approche plus saine et durable de la performance. Cela implique un changement de mentalité à tous les niveaux : athlètes, entraîneurs, fédérations et médias.
La vraie performance ne se mesure pas uniquement en médailles ou en records. Elle doit aussi prendre en compte la santé et le bien-être à long terme des athlètes. C’est à cette condition que le sport de haut niveau pourra continuer à nous faire rêver, tout en restant fidèle à ses valeurs d’excellence et de dépassement de soi.
Sources éditoriales et fact-checking