La dyspareunie se définit médicalement comme un trouble sexuel féminin caractérisé par des douleurs persistantes ou récurrentes avant, pendant ou après la pénétration vaginale, qu’elle soit d’origine organique ou psychogène. Le terme « dyspareunie » provient du grec « dys » qui signifie « difficile » et de « pareunia » qui désigne l’accouplement sexuel.
Bien que tabou et peu évoqué, ce symptôme handicapant toucherait entre 8 % à 35 % des femmes en âge de procréer si l’on en croit les études épidémiologiques menées à travers le monde. Une vaste enquête réalisée en population française en 2010 auprès de 12 364 femmes âgées de 18 à 69 ans indiquait même que 16 % d’entre elles rapportaient ressentir régulièrement une douleur lors des rapports sexuels.
La dyspareunie constitue ainsi l’un des motifs de consultation les plus fréquents en gynécologie. Pourtant, par pudeur ou crainte d’être jugées, de nombreuses patientes n’osent pas aborder spontanément ce problème avec leur médecin et préfèrent endurer ces souffrances intimes en silence.
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Des origines physiques variées à l’origine des douleurs
Lorsque l’acte d’amour se transforme en calvaire, les raisons peuvent être multiples. Tour d’horizon des principales causes physiques identifiées par la science.
La sécheresse vaginale est l’ennemie numéro 1 du confort sexuel. Conséquence fréquente d’un déficit hormonal à la ménopause, notamment en œstrogènes, elle provoque des sensations de brûlure à l’entrée du vagin, empêchant toute pénétration indolore.
Autre coupable récurrent : les infections gynécologiques. Qu’elles soient d’origine bactérienne, mycosique ou parasitaire, ces inflammations vaginales ou urinaires occasionnent des démangeaisons ainsi que des douleurs sourdes au fond du vagin.
Les lésions physiques ne sont pas en reste. Micro-déchirures de la vulve, irritations de la muqueuse, eczéma ou une dermatite localisée à l’entrée du vagin, autant de plaies douloureuses au moindre frottement. Idem pour les cicatrices laissées par une intervention chirurgicale type césarienne ou hystérectomie, à l’origine de brides inextensibles.
Dans certains cas, c’est carrément la structure anatomique de l’appareil génital qui est en cause. Malformations congénitales, troubles musculaires hypertoniques ou encore endométriose envahissant la cavité pelvienne : autant d’explications possibles à des rapports sexuels éprouvants.
Le poids des traumatismes psychiques
Mais la souffrance peut aussi naître dans la tête. Car dyspareunie rime souvent avec anxiété. Appréhension légitime chez les victimes d’abus sexuels, dont le psychisme meurtri bloque tout épanouissement sensuel. Phobie tenace également chez certaines déprimées, tétanisées à l’idée de s’abandonner dans les bras d’un partenaire.
Le rejet de son propre corps ou les blessures affectives passées peuvent aussi gripper la libido et susciter un profond malaise au moment des ébats. Tout comme le stress chronique et la fatigue nerveuse, asphyxiant toute velléité de plaisir charnel.
D’où l’importance de prendre en compte la sphère psycho-émotionnelle dans le diagnostic et la prise en charge du trouble. Car dyspareunie ne rime pas forcément avec destinée. À condition de lever tous les tabous.
Diagnostic
Le diagnostic de la dyspareunie repose sur plusieurs éléments :
L’interrogatoire médical
Le médecin interroge la patiente sur ses antécédents médicaux et chirurgicaux, ses traitements en cours, ses menstruations et sa vie sexuelle. Il cherche à localiser précisément les douleurs ressenties.
L’examen gynécologique
L’examen clinique permet de rechercher d’éventuelles lésions de la vulve ou du vagin, de vérifier la trophicité des tissus, l’ampleur des sécrétions vaginales.
Les examens complémentaires
En fonction des symptômes et des facteurs de risque, le médecin peut prescrire une échographie pelvienne, une IRM pelvienne, des prélèvements vaginaux, une exploration urodynamique ou encore une colposcopie.
Traitements
Une fois le diagnostic établi, plusieurs traitements sont envisageables :
Les traitements médicaux
Ils visent à prendre en charge la cause de la dyspareunie lorsqu’elle est identifiée :
- Antibiotiques en cas d’infection vaginale ou urinaire (cystite) ;
- Traitement hormonal local en cas de sécheresse vaginale ;
- Antidépresseurs et anxiolytiques si troubles psychologiques ;
- Injections de toxine botulique pour les contractures musculaires.
Les thérapies physiques
- Rééducation périnéale pour assouplir les muscles ;
- Désensibilisation pour diminuer la douleur.
Les thérapies psychologiques
- Thérapie cognitivo-comportementale ;
- Thérapie de couple.
La chirurgie
Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être proposée :
- Vestibulectomie pour réséquer les zones douloureuses ;
- Libération des adhérences pelviennes ;
- Exérèse des lésions d’endométriose.
Conseils et prévention
Pour prévenir l’apparition ou la récidive de dyspareunies, quelques conseils sont à suivre :
- Dialoguer avec son/sa partenaire sur ses douleurs ;
- Prendre le temps des préliminaires et de la lubrification ;
- Adopter des positions non douloureuses ;
- Consulter rapidement en cas de symptômes.
Pronostic
Bien prise en charge, la dyspareunie peut totalement guérir. Néanmoins, l’amélioration est souvent progressive et un traitement sur le long cours est parfois nécessaire en cas de troubles psychologiques associés.
Le soutien du partenaire est fondamental pour aider la femme à vaincre ce trouble invalidant du désir et de la sexualité.
Le mot de la fin
La dyspareunie ou douleur pendant les rapports sexuels est un motif de consultation fréquent en gynécologie. Ses causes sont multiples, allant de facteurs physiques comme les infections vaginales ou l’endométriose à des composantes psychologiques comme l’anxiété ou les antécédents d’agressions sexuelles.
Grâce à une prise en charge globale médicale et psychologique adaptée à chaque patiente, il est souvent possible de venir à bout de ce trouble sexuel pénible, d’améliorer le confort des relations intimes et de retrouver un épanouissement de la sexualité.