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Les accidents en montagne ou lors d’expéditions sportives extrêmes ne sont pas rares. En France, on dénombre en moyenne 200 décès par an liés à la pratique de sports de montagne selon l’ANMSM. Outre les risques mortels de chutes ou d’avalanches, les survivants sont alors confrontés à des défis physiologiques et psychologiques majeurs pour s’en sortir en attendant les secours. De la priorisation des besoins vitaux à la gestion nutritionnelle en passant par le maintien du moral, la survie en conditions hostiles nécessite des connaissances solides et une préparation mentale.
Cet article vous présente les règles d’or pour maximiser vos chances en cas d’accident ainsi que les solutions alimentaires d’urgence. Nous verrons également les enseignements du célèbre crash des Andes de 1972. L’objectif est de vous permettre d’aborder sereinement vos prochaines aventures sportives, en connaissant les bonnes pratiques à adopter en cas de problème.
Les règles vitales pour maximiser ses chances de survie
Lors d’un accident en montagne ou dans tout environnement hostile, chaque minute compte pour maximiser vos chances de survie. Des règles simples mais vitales existent pour prioriser vos actions dans l’urgence en fonction de vos besoins physiologiques :
La règle des 3 minutes, 3 heures et 3 jours
- 3 minutes sans oxygène : trouver un abri ou dégager vos voies respiratoires est vital ;
- 3 jours sans eau : l’eau est essentielle pour vos fonctions vitales, la déshydratation peut survenir très vite ;
- 3 semaines sans nourriture : votre organisme puise alors dans vos réserves de graisses et de protéines pour vous maintenir en vie.
“La règle des 3 est un moyen mnémotechnique facile pour se rappeler des priorités en termes de survie. Sans oxygène, le cerveau meurt en quelques minutes. Sans eau, le corps dépérit en quelques jours. Sans nourriture, il faut environ 3 semaines pour mourir de faim” explique Bear Grylls, survivaliste.
L’oxygène est donc la toute première priorité en cas d’ensevelissement par une avalanche ou lors d’un traumatisme. Pour le refuge, priorisez les zones à l’abri du vent et proches d’un point d’eau si possible.
Concernant l’eau, outre la ration, certains comportements sont à éviter comme boire de l’eau sale ou de la neige qui peut abaisser votre température corporelle.
Enfin côté nourriture, même si ce n’est pas le besoin immédiat, il est essentiel de rationaliser vos réserves alimentaires pour tenir le plus longtemps possible en attendant les secours.
La pyramide des besoins de Maslow
Une autre règle importante est la pyramide des besoins du psychologue Maslow qui hiérarchise nos besoins psychologiques en situation de survie :
- Besoins physiologiques : oxygène, eau, nourriture, sommeil, refuge ;
- Sécurité : se sentir en sécurité, self-défense ;
- Appartenance : contact social, relations affectives ;
- Estime : confiance et respect de soi-même ;
- Accomplissement : s’épanouir en aidant les autres.
Cette pyramide montre que la survie physique et la sécurité sont nos priorités absolues. Viennent ensuite les besoins sociaux et psychologiques pour maintenir le moral, essentiels eux aussi.
“Seul on meurt plus vite. Le mental et l’entraide dans un groupe sont déterminants” témoigne Mike Horn, aventurier de l’extrême.
Survie et alimentation : les solutions d’urgence en conditions extrêmes
Passé le cap des premières heures, la question de l’alimentation se pose rapidement. Outre la faim, le froid, l’altitude et le stress génèrent des besoins accrus auxquels il faut répondre malgré des réserves limitées.
Froid, altitude et stress : un coût physiologique majeur
En altitude, le froid et l’hypoxie augmentent votre métabolisme de base jusqu’à 30 % selon une étude. À 4 000 mètres, un homme au repos consomme 3 000 à 5 000 calories par jour. À cette dépense s’ajoute celle liée à l’activité physique et au stress dû à la situation de survie.
Le froid stimule l’appétit mais limite la capacité à digérer. L’organisme puise alors dans ses réserves, d’abord de glycogène puis de muscles.
Rationaliser ses réserves
Vous disposez au mieux du contenu de votre sac à dos pour vous nourrir. Privilégiez les aliments énergétiques (fruits secs, chocolat, barres céréalières) et hydratez-vous régulièrement en rationnant l’eau.
Si vous êtes en groupe, organisez un partage équitable en fractionnant les rations. Consommez toujours vos aliments avec modération : un estomac trop plein limite vos capacités physiques pour construire un abri ou vous défendre.
Compléments alimentaires et recyclage
Certains aliments de votre trousse de secours peuvent dépanner comme les comprimés de glucose, les gélules de vitamines et les sachets d’électrolytes.
Dans les situations extrêmes, le recyclage peut être envisagé :
- Fondre de la neige avec de la chaleur corporelle pour produire de l’eau de neige à boire ;
- Faire fondre de la graisse corporelle (d’animaux ou de personnes décédées) pour récupérer des lipides consommables ;
- Utiliser de l’urine comme source d’eau et de sels minéraux.
Ces techniques peu ragoûtantes ont fait leurs preuves pour sauver des vies mais ne doivent s’envisager qu’en dernier recours.
Attention aux fausses bonnes idées !
Certaines pratiques courantes sont en fait dangereuses, comme manger de la neige qui peut vous refroidir de l’intérieur.
“Ingérer de la neige abaisse la température de votre corps, même si vous avez l’impression que ça vous hydrate” avertit le Dr Phanuel.
Préférez toujours faire fondre la neige avec de la chaleur corporelle avant consommation.
Autre pratique risquée : consommer des sauvages inconnus.
“Certaines plantes ou champignons peuvent être mortels ou vous rendre malade. En cas de doute, mieux vaut s’abstenir” recommande Les Stroud, survivaliste.
Le crash des Andes en 1972 : récit d’une tragédie aux leçons salvatrices
Le vendredi 13 octobre 1972 restera à jamais gravé dans les mémoires des rescapés du vol FAU 571. Cet avion militaire uruguayen s’écrase en pleine cordillère des Andes avec 45 passagers à bord. Par -30°C et à plus de 3 500 mètres d’altitude, les conditions de survie semblent impossibles. Pourtant, après 72 jours d’épreuve et des choix déchirants, 16 d’entre eux reviendront vivants pour témoigner. Récit de cet accident hors normes dont les enseignements sauvent encore aujourd’hui.
Un crash en pleine cordillère des Andes
Le vol 571 de l’Uruguayan Air Force décolle de Mendoza en Argentine pour rejoindre Santiago du Chili. À bord, une équipe de rugby amateur et quelques accompagnants. Mais très vite, le mauvais temps oblige le pilote à survoler les Andes. Pris dans des turbulences, l’appareil heurte violemment une paroi rocheuse avant de glisser vers le glacier.
“L’impact a été d’une violence inouïe. J’ai vu des corps projetés dehors, d’autres agoniser. Nous étions seulement une poignée à bouger encore” raconte l’un des survivants, Roberto Canessa.
Sur les 45 passagers, 12 personnes décèdent sur le coup. 6 autres rendront l’âme dans les heures et les jours suivants. Les 27 rescapés se retrouvent alors prisonniers du froid, de la faim et de l’isolement.
La lutte désespérée pour tenir bon
Dès les premières heures, il faut sécuriser le site et organiser la survie. Rapidement, le froid polaire (-30°C), le manque d’oxygène, et l’absence de nourriture se font sentir.
“Nous tremblions de froid, il fallait se serrer les uns contre les autres pour se réchauffer. Nous respirions mal avec si peu d’oxygène à cette altitude” explique Roberto Canessa.
Les blessés sont nombreux et les antibiotiques manquent. Le groupe enterre les corps dans la neige pour les conserver et constituer des réserves alimentaires potentielles. Très vite, les maigres provisions de nourriture du crash sont épuisées. Les rescapés rationnent alors au maximum, jusqu’à 300 calories par jour soit 6 fois moins que leurs besoins. Ils fondent de la neige pour boire et mangent parfois du cuir des sièges.
“La faim était si insupportable que j’en pleurais. Nous étions si faibles que le moindre effort nous épuisait” confie Nando Parrado, l’un des miraculés.
Le recours ultime au cannibalisme
Après 10 jours, malgré les efforts déployés, il est clair que personne ne viendra les secourir. La situation devient désespérée. C’est alors que l’idée impensable du cannibalisme surgit.
“Nous savions que c’était illégal et immoral, mais nos corps s’éteignaient un à un” justifie Roberto Canessa.
Après de longs débats éthiques et religieux, les survivants se résolvent à consommer la chair de leurs camarades morts congelés dans la neige. Ce choix terrible leur permet de tenir plusieurs semaines supplémentaires avant la délivrance.
Une odyssée exceptionnelle
Le 12 décembre, soit 59 jours après le crash, Canessa et Parrado partent à pied chercher des secours de l’autre côté de la montagne. Après 10 jours d’une marche héroïque, ils atteignent enfin un village chilien. Sauvés in extremis, ils peuvent alors guider les secours vers l’avion. Seuls 16 survivants sur 45 passagers seront finalement tirés de cet enfer blanc après 72 jours de calvaire.
À leur retour, les miraculés des Andes sont accueillis en héros. Leur incroyable histoire de courage et de ténacité continuera d’inspirer les générations futures. Car au-delà du drame humain, le crash des Andes recèle de précieux enseignements de survie.
Conseils pratiques à retenir
Cette expérience extrême contient de nombreuses leçons en termes de préparation mentale et de conseils pratiques :
- Préparer minutieusement vos voyages avec matériel de survie et provisions ;
- Rester actif physiquement et occuper son esprit pour ne pas sombrer ;
- Rationner collectivement la nourriture et l’eau dès le début ;
- Ne pas négliger l’hygiène et les petits plaisirs pour le moral ;
- S’entraider en permanence et prendre les décisions vitales ensemble.
Grâce au courage et à la solidarité dont ont fait preuve ces hommes, nous disposons aujourd’hui de précieux enseignements pour sauver des vies. À méditer avant votre prochaine aventure en conditions extrêmes.
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