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Une nouvelle substance récréative fait parler d’elle en France ces derniers jours. Son nom ? Sniffy. Cette poudre blanche à inhaler par le nez, présentée comme énergisante, suscite la controverse. Pourquoi ? Car sa consommation rappelle étrangement celle de la cocaïne. Décryptage.
Qu’est-ce que Sniffy ?
Sniffy se présente comme un “complément alimentaire” sous forme de poudre blanche à inhaler par une seule narine à l’aide d’une petite paille. Vendue 14,90€ le gramme, elle est disponible en plusieurs saveurs et se vante d’effets “énergisants” et “festifs” pendant 20 à 30 minutes.
Selon le site internet du fabricant marseillais, Sniffy serait composée à “90 % d’ingrédients naturels”. On y retrouve notamment :
- De la taurine, un acide aminé souvent utilisé dans les boissons énergisantes ;
- De la caféine pour un effet stimulant ;
- Du guarana, une plante aux propriétés énergisantes ;
- De la vitamine C.
Le fabricant assure qu’aucun de ces composants n’est interdit ou considéré comme dopant. Il justifie le mode de consommation par voie nasale par la “rapidité des effets”.
Bien que le produit soit interdit aux mineurs, il reste en vente libre sur internet et dans certains bureaux de tabac. Et c’est bien là que le bât blesse.
Une polémique qui enfle
C’est une chronique de l’émission “La grande semaine” sur M6, postée le 21 mai sur Instagram, qui a mis le feu aux poudres. Le journaliste s’étonne qu’un tel produit, qui s’apparente à une drogue par son mode de consommation, puisse être commercialisé aussi facilement.
S’en sont suivis des réactions indignées de divers horizons :
- Des syndicats policiers dénoncent une incitation à la consommation de drogues ;
- La Confédération des buralistes “s’oppose fermement à la vente de ces produits” dans un communiqué ;
- Des addictologues mettent en garde contre la banalisation de l’usage de psychostimulants.
Même le gouvernement s’en est mêlé. Le ministre de la Santé Frédéric Valletoux a découvert l’existence de cette “cochonnerie” il y a “à peine 48h”. Choqué, il promet d’interdire Sniffy “dans les prochains jours”.
Drogue ou pas drogue ?
Le débat fait rage. Pour le fabricant, pas d’ambiguïté : “Sniffy est légale”, martèle-t-il sur son site. Il se défend de tout rapprochement avec la cocaïne et parle d’un “plaisir festif conforme à la loi”.
Mais pour beaucoup, la frontière est ténue. La poudre blanche et son inhalation par le nez rappellent furieusement la célèbre drogue. “C’est la course permanente entre les vendeurs de mort et la loi”, déplore le ministre de la Santé.
Au-delà de l’aspect légal, c’est la banalisation et la promotion de ce type de produits qui inquiètent. “C’est rageant de voir ça proposé à la jeunesse”, s’insurge Frédéric Valletoux. Les addictologues craignent un effet “gateway”, ces substances servant de porte d’entrée vers des drogues plus dures.
Et maintenant ?
Face à la polémique, le gouvernement promet une réponse rapide et ferme. L’interdiction de Sniffy semble actée. Reste à savoir sous quelle forme : classement comme stupéfiant ? Retrait de la vente ? Les modalités restent à définir.
Cette affaire pose surtout la question de la régulation de ces nouvelles substances psychoactives aux frontières de la légalité. Un véritable casse-tête pour les autorités, toujours un temps de retard sur les innovations des fabricants.
En attendant, la publicité faite autour de Sniffy aura au moins eu le mérite de lancer le débat. Nul doute que d’autres produits du même type fleuriront dans les mois à venir. Aux pouvoirs publics de trouver la parade pour protéger les plus jeunes de ces tentations dangereuses.
Car derrière l’apparat festif et les promesses énergisantes, se cache surtout un business juteux surfant sur l’attrait de l’interdit. Un miroir aux alouettes dont il faut savoir se méfier. La vigilance est plus que jamais de mise face à ces poudres blanches d’un nouveau genre.