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L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires qui touche environ 4 millions de personnes en France. Caractérisée par une hyperréactivité des bronches suite à un stimulus ou à un allergène, celle-ci est responsable chaque année de près de 60 000 hospitalisations et presque 1 000 décès. Une crise asthmatique se manifeste par une gêne respiratoire ou par un essoufflement, par une respiration sifflante, une sensation d’oppression dans la poitrine et une toux sèche.
En présence de facteurs déclenchants tels que le tabac, les allergènes, la pollution ou les substances chimiques entre autres, les crises d’asthme peuvent durer de plusieurs minutes à quelques heures. Face à ces symptômes, nombreuses sont à se demander si le sport pourrait être une pratique à éviter chez les personnes asthmatiques(1).
Cependant, parmi les athlètes de la sélection américaine aux JO d’été d’Atlanta de 1996, on trouvait 16,7% d’asthmatiques. Également, des athlètes de haut niveau comme le nageur Michael Phelps, le footballeur David Beckham, le coureur Mo Farah ou le basketteur Dennis Rodman souffrent d’asthme et cela ne les a pas empêchés de conquérir leurs disciplines respectives à l’échelle mondiale. Effectivement, Weiler et col. dévoilent que l’asthme était très fréquent chez les athlètes d’élite et olympiques et que cela devrait rassurer les jeunes asthmatiques qui souhaitent devenir des athlètes de compétition(2).
D’ailleurs, loin d’être interdit, le sport s’avère même bénéfique pour les personnes asthmatiques. Les effets de l’activité physique sur le développement de l’aptitude cardio-respiratoire, la qualité de vie, les symptômes et la réactivité bronchique sont clairement démontrés(3)(4).
Docteur Bertrand Mellin, Pneumologue, Allergologue et Médecin du Sport à Nouméa partage avec Docteur Fitness son expérience professionnelle avec des enfants souffrant d’asthme. Il affirme que les patients bénéficiaient d’une meilleure qualité de vie après avoir suivi un programme de réentrainement à l’effort comprenant 45 minutes de travail cardiovasculaire par intervalle par jour.
En revanche, aussi bien pour les pros que pour les amateurs ou les débutants, le danger n’est pas exclu, c’est pourquoi prendre des précautions est primordial pour assurer la sécurité pendant la pratique sportive.
Quels conseils à suivre quand on fait du sport et que l’on souffre d’asthme ?
N’oubliez pas votre traitement !
Pour éviter tout danger, il ne faut pas oublier le traitement de secours en cas de crise (Salbutamol/Terbutaline, comme la Ventoline par exemple). Il est vital d’apporter toujours l’inhalateur avec soi lors de la pratique sportive.
Également, il faut suivre les directives de votre pneumologue si l’on vous a prescrit un traitement de fond (anti-inflammatoires et/ou bronchodilatateurs de longue action). Ces deux derniers agissent à long terme et ils sont prescrits généralement quand les symptômes de l’asthme sont intenses et fréquents (plus de trois épisodes par semaine).
Bref, respecter le protocole médicamenteux vous aidera à diminuer la gêne due à l’obstruction des voies respiratoires et à réaliser votre activité physique en sécurité.
Faites attention à ce que vous mangez
Dans la littérature, le lien entre l’obésité et l’asthme a été largement étudié.
L’exercice et une alimentation saine améliorent le contrôle de l’asthme chez les personnes obèses en souffrant. Il a été démontré que les comorbidités et l’inactivité physique contribuent à un mauvais contrôle de l’asthme et à une augmentation conséquente des symptômes, du risque d’exacerbation et de l’inflammation des voies respiratoires.
Également, chez les patients et les patients non obèses, l’étude de Louise Lindhardt Toennesen et col. dévoile que la combinaison d’une pratique sportive et d’un régime alimentaire équilibré améliore le contrôle de l’asthme(5).
Adaptez l’activité physique à vos besoins
Le fait que l’activité physique intense puisse provoquer un bronchospasme post-exercice (BPE) chez la plupart des asthmatiques est souvent une des raisons les éloignant des activités sportives. Ce rétrécissement transitoire des voies aériennes résulte d’une hyperventilation prolongée provoquant simultanément un refroidissement et un assèchement des voies respiratoires.
Pour les débutants, c’est au début de la pratique que les risques de BPE sont les plus élevés compte tenu d’une faible condition physique aérobie. Pour cette raison, une recommandation importante est d’adapter les activités physiques aux capacités réelles des asthmatiques. En effet, une adéquation du programme d’entraînement ainsi qu’une bonne progression de l’intensité et de la charge de travail sont primordiales. De la même façon, un échauffement progressif et prolongé avant chaque séance de sport pourrait diminuer le risque de cette bronchoconstriction des voies aériennes.
Cependant, pendant que certains adaptent leur activité physique à leurs besoins, d’autres optent pour adapter leurs besoins à l’activité physique.
Docteur Mellin nous explique aussi que chez une grande partie des patients atteints de BPE, l’asthme induit par l’exercice est suivi d’une période réfractaire de 2 à 4 heures. Il précise que pendant cette durée, l’exercice physique va être mieux toléré et qu’il n’existe presque pas de risque de faire une nouvelle crise. En outre, Docteur Mellin affirme que certains athlètes d’élite adaptent leurs entraînements à ce fait en arrivant même à s’auto-provoquer une crise d’asthme afin de pouvoir bénéficier postérieurement de cette période réfractaire.
Faites attention aux allergènes
Il est recommandé d’adapter la pratique d’activité physique aux facteurs qui déclenchent notre asthme.
Par exemple, il va de soi que l’on évitera la pratique de sport à l’extérieur si l’on est enrhumé et s’il y a un pic de pollution atmosphérique ou dans les parcs et forêts pendant la saison du pollen si l’on est allergique. Comme alternative, on peut choisir de s’entraîner en salle plutôt qu’en extérieur.
Pareil, si l’on est allergique aux poils des animaux, on doit éviter la pratique de l’équitation ou prioriser d’autres disciplines.
Le froid, le pire ennemi
Les efforts intenses ou en environnements froids sont déconseillés, par exemple le hockey ou le foot à l’extérieur en hiver. Certaines études suggèrent une prévalence plus élevée de l’asthme chez les athlètes qui participent à des sports d’hiver que chez ceux qui participent à des sports d’été(6).
Dans la mesure du possible, il faut respirer par le nez plutôt que par la bouche. Le nez fonctionne comme un filtre naturel qui permet de réchauffer, d’humidifier et de nettoyer l’air avant qu’il ne parvienne aux poumons. Porter un foulard ou une écharpe devant le nez et la bouche pourrait être une solution alternative.
Petit point sur les sports d’eau
À noter que, la nage en piscine n’est pas déconseillée, néanmoins, pour les personnes asthmatiques suivant des entraînements très prolongés, le chlore semble augmenter l’hyperréactivité bronchique. Donc, pour les athlètes d’élite, il est préférable de choisir les piscines d’eau non chlorée(7).
La plongée en bouteille a été jusqu’à récemment contre-indiquée en raison de l’air comprimé qui est sec et qui peut déclencher une hyperréactivité bronchique. De plus, le traitement de crise ne peut pas être administré sous l’eau et il est dangereux de remonter rapidement à la surface pour prendre le bronchodilatateur.
Cela dit, même si cette activité a longtemps été contre-indiquée pour les asthmatiques, il semble que les recommandations évoluent vers l’autorisation sous certaines conditions ou précautions(8).
Dr. Mellin nous dévoile que la réglementation a évolué. Effectivement, il nous informe que de nos jours, la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM) accepte la réalisation de cette activité chez les plongeurs avec un asthme parfaitement équilibré. “Afin de pouvoir suivre cette pratique, les personnes asthmatiques doivent présenter une autorisation de leur pneumologue. Un bilan clinique fait par son médecin traitant n’est pas suffisant, pour obtenir cette autorisation. Le plongeur devra réaliser une EFR (Exploration Fonctionnelle Respiratoire) chez un pneumologue qui vérifiera que sa fonction respiratoire est normalisée.”, explique-t-il.
Finalement, Dr. Mellin précise que, bien au contraire, la plongée en apnée n’est pas contre-indiquée, car on ne respire pas pendant la pratique donc il n’existe pas de stimulus tel que l’air sec.
Écoutez votre corps
Ne pas négliger les signes que le corps nous donne. L’essoufflement, la sensation d’oppression thoracique ou une quinte de toux sont des symptômes qui nous indiquent que l’on doit réagir.
Les sibilants, des sifflements de timbre aigu qui peuvent être entendus parfois quand on expire sont un autre signe d’alerte. Ils manifestent un rétrécissement du diamètre des voies respiratoires. Dans ces cas-là, il serait conseillé de prendre son traitement de crise et d’arrêter l’activité physique.
Finalement, rappelez-vous qu’en cas de doute, le plus sage est de consulter un spécialiste et qu’en cas de détresse respiratoire mal gérée, vous pouvez éventuellement appeler le 15.
Sources éditoriales et fact-checking