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Made in France, commerce équitable, vegan, fabrication locale, coton bio, 100% végétal, matières naturelles… La tendance est, dans l’habillement comme dans l’alimentation, à la recherche d’éthique.
Commençons par un petit exercice d’auto-analyse, si vous le voulez bien. Vous qui fréquentez les magasins bio, vous faites indéniablement attention à mieux consommer. Que ce soit pour votre santé, l’environnement ou le respect des producteurs, vous avez, à un moment de votre vie, réalisé qu’au moins l’une de ces raisons méritait que vous changiez vos habitudes de consommation, quitte à payer plus cher, conscient que la qualité a un prix. C’est tout à votre honneur ! Mais cette prise de conscience qui a eu lieu dans votre assiette s’est-elle propagée à votre dressing ? Pour une immense majorité d’entre nous, ce n’est pas le cas. Pourtant, la logique est la même.
Deux poids, deux mesures
La fast-fashion (cette mode industrielle à prix toujours plus bas) est à la mode éthique ce que la fast-food est à l’alimentation biologique : son pendant polluant et nocif, mais omniprésent, car moins cher. Pourtant, l’impact écologique, sanitaire et social de la fast-fashion est aussi dramatique que celui de l’agriculture et de l’élevage intensifs : pour laver, colorer ou imperméabiliser les vêtements ou encore délaver artificiellement les jeans, les fabricants utilisent des procédés et des substances toxiques pour l’environnement et la santé.
L’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante au monde, après celle du pétrole, nous apprend l’excellent documentaire sur l’industrie textile The True Cost, de Andrew Morgan. Comme si ce n’était déjà pas assez, les émissions de CO2 du secteur textile devraient augmenter de 63 % d’ici à 2030 pour atteindre près de 2,8 milliards de tonnes par an. Et ne parlons même pas du fait que la culture du coton est extrêmement gourmande en pesticides, d’autant plus qu’il est essentiellement OGM… Par ailleurs, qui n’a pas entendu parler du drame du Rana Plaza, cette usine de confection textile au Bangladesh qui s’est écroulée sur elle-même, engloutissant 1 135 vies ?
Mode conventionnelle vs mode éthique
Ainsi, d’un côté, on a un produit pas cher, souvent de mauvaise qualité, extrêmement polluant, potentiellement mauvais pour la santé et fabriqué par des ouvriers sous-payés soumis à des méthodes de management brutales quand ils ne sont pas carrément esclaves ; de l’autre, un produit plus cher, mais respectueux de l’environnement et des êtres humains qui les produisent, de la vie animale et/ou fabriqué localement, souvent plus résistant et parfois même, jackpot, tout ça à la fois ! Il n’y a pas de mystère : la qualité a un coût dans l’alimentation, mais dans l’habillement aussi… comme dans toute chose, en fait ! On ne peut donc pas exiger de la qualité et de l’éthique sans accepter d’en payer le juste prix. Rien n’est gratuit, et ce que nous économisons en achetant à bas prix est bien généralement payé par des abus sociaux et environnementaux.
Je veux agir : par où commencer ?
La bonne nouvelle, c’est que de nombreuses initiatives naissent de ces constatations. Et la mode éthique d’aujourd’hui casse le cliché du look baba cool, en proposant des collections dans tous les styles, même les plus chics. De plus en plus de marques de mode éthique et de boutiques en ligne multimarques dédiées apparaissent, de nombreux sites et blogs listent ces initiatives.
Lors de vos achats, traquez les labels et certifications assurant des conditions de travail éthiques, des fibres biologiques, des matières recyclées ou encore l’absence de produits toxiques.
Renseignez-vous et apprenez à reconnaître les marques vraiment engagées de celles qui le sont à peine ou faussement, juste pour pouvoir surfer sur la tendance (dans la mode éthique comme dans l’alimentaire biologique, il existe une graduation très large d’intensité de l’engagement).
Ne vous laissez pas berner par les sirènes du marketing : le “Made in France” peut cacher de la sous-traitance à des ateliers clandestins, même en plein Paris (il faut se méfier du Made in France à prix bas) ; des “fibres naturelles” peuvent être un coton OGM arrosé aux pesticides.
Pensez également à l’achat de seconde main : troquez, donnez ou vendez ce que vous ne mettez plus. Et, si le cœur vous en dit, pourquoi ne pas tricoter votre prochaine écharpe ? Mais gardons tous en tête que consommer mieux, c’est bien, mais consommer moins, c’est encore mieux ! Et si vous vous lanciez le défi de faire le tri dans votre armoire ? Vous y trouveriez des pépites en parfait état dont vous aviez oublié l’existence et vous constateriez sans doute que, finalement, il y a une infinité de nouveaux looks à créer à partir de ce que vous avez déjà !
Alors, pourquoi ne pas en profiter pour changer nos habitudes et réserver la majorité de nos futurs achats à de belles pièces de mode éthique ?
Le prix ou le coût ?
Les grandes marques du prêt-à-porter, et de la mode en général, ont bien remarqué ce désir d’éthique qui caractérise les choix d’achats de plus en plus de leurs clients et proposent des collections “green” ou des initiatives de recyclage. Certains parleront de marketing opportuniste ou de cache-misère, mais, si même H&M, Adidas et consorts commencent à investir à tâtons le terrain de la mode éthique, c’est que le sujet prend de plus en plus d’ampleur et l’on ne peut que s’en réjouir !
Cependant, si le budget des grandes marques du prêt-à-porter leur permet plus facilement d’innover, pour les créateurs de petites marques, c’est beaucoup plus difficile. Rareté des formations dédiées, difficulté de s’informer sur les bonnes pratiques, peu de communication et de soutien entre les marques… Heureusement, des initiatives se mettent en place pour aider ces valeureux créateurs : la coopérative Frenchment, en cours de création, leur permet de rassembler leurs achats pour bénéficier des tarifs pour grossistes auprès de fournisseurs de matières premières éthiques. L’agence Ethipop ou Le French Bureau accompagnent les créateurs dans la gestion de leur projet. Mais encore trop de créateurs ont du mal à s’informer et à bien s’entourer.
À cela s’ajoute souvent, selon eux, la difficulté de faire confectionner leurs collections en France : ils font souvent la constatation que le coût est infiniment plus élevé pour un service beaucoup moins rapide et qualitatif qu’au Portugal, par exemple, et les plus engagés d’entre eux se voient confrontés à la difficulté de faire comprendre que si leur marque éthique est plus chère qu’une autre, c’est parce qu’elle joue le jeu à fond et non pas partiellement. Mais le consommateur, souvent, fait confiance au message marketing de l’ensemble des marques et ne fait pas la différence en termes de degré d’engagement, mais de prix.
Je suis le changement que je veux voir demain
Apprenons à accorder nos valeurs à nos choix vestimentaires en soutenant ces belles et méritantes initiatives et n’oublions pas une chose essentielle : en tant que consommateur, chacun de nos achats est comme un vote pour le type de monde que nous voulons pour demain. Chacun de nous détient, à sa modeste échelle, la clé du changement !