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On ne fait jamais trop de sport ! Si vous êtes un lecteur assidu de Docteur Fitness, vous êtes probablement d’accord avec cette assertion. Pourtant, se dépenser sans compter peut présenter des limites. 10 à 15 % des personnes exerçant une activité physique à haute fréquence/intensité sont susceptibles de devenir bigorexiques (accro au sport) ; un mal encore très peu connu…
Une véritable maladie reconnue par l’OMS
Bigorexie, un drôle de mot qui signifie tout simplement addiction au sport. Loin d’être une idée saugrenue, la bigorexie est une réalité qui touche de nombreux athlètes. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnaît l’existence de cette addiction, qui peut aussi bien toucher les sportifs professionnels qu’amateurs. Elle est notamment définie par les spécialistes du Centre d’Études et de Recherches en Psychopathologie de Toulouse comme un “besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates, et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale.”
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la bigorexie n’est pas forcément associée à des troubles de l’alimentation tels que l’anorexie ou l’orthorexie (l’obsession de manger sain). De même, elle n’est pas réservée aux compétiteurs. Elle touche tout particulièrement les sportifs qui pratiquent la course à pied, le cyclisme ou le trail, des disciplines très exigeantes physiquement et mentalement et demandant de longues heures de pratique pour progresser dans ses performances.
Comment reconnaître la bigorexie ?
Trouble très peu connu de la population, la bigorexie peut mettre du temps à être diagnostiquée. L’alerte est généralement donnée par les proches de la personne victime de ce trouble, qui constatent son addiction de plus en plus dérangeante au sport. Un sportif atteint de bigorexie peut passer cinq heures par jour, parfois même plus, à exercer une activité physique. Il établit un planning très strict et devient irritable/angoissé lorsqu’il est empêché de le respecter.
Le patient bigorexique n’hésite pas à faire passer sa pratique sportive avant toute autre priorité (travail, famille, amis, loisirs…), souvent même au détriment de sa santé. “Au travers de leur pratique sportive, ces personnes recherchent des sensations et elles ont besoin d’augmenter leur pratique pour ressentir toujours plus de plaisir”, explique la docteure Julie Farbos, pédopsychiatre et médecin du sport au CHU de Bordeaux, lors d’une interview à Santé Magazine.
Quelles conséquences physiques et psychologiques ?
La bigorexie n’est pas à prendre à la légère, car elle peut engendrer de graves conséquences sur l’organisme du sportif. Si la pratique d’une activité sportive est indispensable au quotidien, l’excès s’avère néfaste pour le corps. C’est d’autant plus le cas pour les athlètes non professionnels, qui ne disposent pas d’un coach et d’une équipe de soigneurs à leur disposition. Tendinites, déchirures musculaires, infarctus, aménorrhée, fractures d’épuisement… Les blessures et troubles possibles sont nombreux.
De plus, pratiquer un sport à outrance engendre un véritable épuisement mental et peut couper du reste du monde. La personne atteinte de troubles bigorexiques s’isole peu à peu, convaincue que ses proches ne la comprennent pas ; c’est une véritable souffrance. Toutes les sphères de sa vie peuvent en pâtir sur le long terme. De plus, les sportifs atteints de ce trouble obsessionnel présentent une fragilité psychologique qui les exposent à développer d’autres addictions, notamment le dopage aux substances illicites. Des difficultés financières peuvent également survenir, si la personne délaisse sa vie professionnelle pour se dédier uniquement au sport.
Comment guérir d’un trouble bigorexique ?
La personne atteinte de bigorexie a un long chemin à effectuer pour prendre conscience de son addiction. Elle doit impérativement être suivie par un ou plusieurs professionnels (médecin du sport, psychologue…) afin de comprendre ce qui l’a menée à tomber dans ce travers.
“Il s’agit essentiellement de personnes qui ont des difficultés à se poser des limites et qui ont besoin de canaliser un trouble anxieux. Ce n’est pas le sport qui amène à la bigorexie, mais la personnalité du sujet”, souligne la docteure Julie Farbos. Celles et ceux qui souffrent d’une mauvaise estime de soi sont particulièrement concernés. Les jeunes très sportifs sont à surveiller, car l’adolescence constitue une période sensible de développement de la confiance en soi. Elle tourne malheureusement souvent en quête désespérée du corps parfait.
Une fois la prise de conscience effectuée, la personne atteinte de bigorexie a déjà fait la moitié du travail. Il lui faudra chercher à diminuer doucement son activité physique, pourquoi pas en diversifiant sa pratique et en se tournant vers des sports plus doux (yoga, marche…). Le but est de retrouver du plaisir dans sa pratique sportive, sans forcément chercher la performance et contraindre son corps à un rythme intensif. Il est également vital de réinvestir d’autres domaines de sa vie délaissés, notamment en passant plus de temps avec sa famille et avec ses amis. Dans tous les cas, un suivi psychologique sur le long terme est indispensable.