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Sans soleil, pas (ou peu) de vitamine D ! Mais s’exposer au soleil, c’est aussi courir le risque de prendre un coup de soleil, ou pire, un cancer de la peau… Alors, comment s’exposer en toute sécurité aux rayons UV tout en veillant à ce que votre peau produise suffisamment de vitamine D ?
Les effets positifs de l’exposition au soleil sur la santé sont reconnus par la plupart des civilisations depuis des milliers d’années. Les Grecs anciens avaient matérialisé le lien entre soleil et santé à travers la figure d’Apollon, dieu du soleil, et de son fils Esculape, dieu de la médecine.
Un mode de vie “anti-UV”
Il a malheureusement suffi de deux ou trois générations pour que notre mode de vie change radicalement, nous éloignant de la nature… et du soleil ! Beaucoup d’entre nous passent désormais leurs journées enfermés dans des bureaux climatisés et éclairés artificiellement. Nos enfants préfèrent Internet et les jeux vidéo aux activités de plein air.
Pour aggraver les choses, il y a les discours alarmistes sur les dangers du soleil et des cancers de la peau, qui nous incitent à porter un tube de crème solaire sur nous en permanence. Le cas d’une jeune fille de 12 ans vivant en Angleterre a fait la une des journaux il y a quelques années. Sa mère veillait à ce que la peau de sa fille soit recouverte de crème solaire chaque fois qu’elle sortait jouer pendant l’été, notamment pendant les vacances scolaires. Résultat : sa fille s’est retrouvée à la limite du rachitisme et a souffert de douleurs osseuses persistantes dans les jambes. Elle ne savait pas que la crème solaire à indice de protection élevé qu’elle utilisait réduisait de 98 % la capacité de la peau de sa fille à produire de la vitamine D !
Alors que nous nous éloignons de plus en plus du soleil, notre mode de vie nous expose à une carence chronique en vitamine D.
90 %, sinon plus, de cette vitamine est obtenue par l’exposition aux rayons UV, plus précisément aux rayons UVB, le reste provenant de l’alimentation, principalement des poissons gras. Ce n’est pas pour rien que la vitamine D est appelée la “vitamine du soleil” !
Des conséquences sur la santé
La vitamine D est probablement le nutriment dont on manque le plus, ce qui a des conséquences sur la santé, car elle a des effets osseux et non osseux, notamment sur le système immunitaire. Elle régule directement l’expression de centaines de gènes, dont des dizaines impliqués dans les maladies auto-immunes et les cancers.
Une carence dès la naissance, ce qui n’est pas rare, expose davantage les petits à des risques accrus de bronchiolite grave, de diarrhée à rotavirus, de dermatite atopique et d’asthme infantile…
La vitamine D contre le cancer
Plus on s’éloigne de l’équateur, et donc des régions les mieux ensoleillées, plus on observe une augmentation des taux de cancers et de la mortalité par cancers (côlon, sein, prostate, etc.). Le même constat s’applique aux régions de haute altitude, où l’intensité du rayonnement UVB est plus élevée (d’où une meilleure capacité de production de vitamine D par la peau).
La vitamine D contribuerait donc à protéger contre le cancer ou à améliorer les chances de survie après un cancer par des mécanismes nombreux et variés. Et il n’y a pas que les cancers internes qui sont concernés, les cancers de la peau le sont aussi !
Il existe en effet trois formes principales de cancer de la peau (par ordre décroissant) : le carcinome basocellulaire, le carcinome épidermoïde et le mélanome malin.
Les carcinomes se développent à partir de cellules épidermiques appelées kératinocytes, tandis que les mélanomes se développent à partir des mélanocytes, qui sont les cellules responsables de la pigmentation de la peau. Si les carcinomes sont très fréquents (90 % des cas) et pas très agressifs, les mélanomes sont peu fréquents (10 % des cas) mais redoutables, causant plus de 1 800 décès par an en France.
Les carcinomes
Le carcinome épidermoïde, beaucoup moins fréquent que le carcinome basocellulaire, est celui qui est le plus lié à l’exposition au soleil. Il survient généralement à un âge avancé, à la suite d’expositions répétées au soleil (travail en plein air). Il peut s’étendre à d’autres parties du corps s’il est traité trop tard. L’utilisation d’une crème solaire permet de réduire le risque de carcinome épidermoïde.
Pour le carcinome basocellulaire, la situation est plus complexe. Le rayonnement solaire n’est pas nécessairement à l’origine du développement de ce cancer. Cependant, il est reconnu qu’une série de coups de soleil dans l’enfance peut augmenter le risque de développer ce cancer beaucoup plus tard dans la vie. L’utilisation d’une crème solaire ne réduit pas le risque de carcinome basocellulaire(1).
En réalité, la vitamine D influence la croissance et le développement des kératinocytes. Elle est capable d’inhiber leur prolifération, ce qui lui confère un rôle important dans la prévention des carcinomes.
En effet, si la peau n’est capable de produire de la vitamine D qu’après avoir été exposée aux rayons UVB, ces mêmes rayons UVB endommagent l’ADN des kératinocytes. C’est alors que la vitamine D entre en jeu pour stimuler les processus de réparation de l’ADN endommagé ! Du moins tant que la peau ne reçoit pas une trop forte dose d’UVB, auquel cas la vitamine D ne peut plus jouer pleinement son rôle photoprotecteur…
Les mélanomes
Pour le mélanome malin, la situation est encore plus complexe. On s’accorde à dire qu’une série de coups de soleil dans l’enfance augmente le risque d’être touché par ce cancer. En même temps, on constate que les mélanomes apparaissent fréquemment dans des zones du corps qui n’ont jamais été exposées au soleil !
Plus troublant : les personnes qui travaillent dans des bureaux ont un risque plus élevé de développer un mélanome que celles qui travaillent à l’extérieur. Ceci est assez surprenant, étant donné que les personnes travaillant à l’intérieur reçoivent 3 à 9 fois moins de rayonnement solaire que celles travaillant à l’extérieur ! Cela peut s’expliquer par un manque d’exposition régulière au soleil, qui protège mieux des coups de soleil grâce à la production de mélanine (bronzage), par des taux insuffisants de vitamine D (conséquence du point précédent), ou encore par une utilisation inadaptée des crèmes solaires…
Sur ce dernier point, il n’y a pas de preuve concrète que l’utilisation de crèmes solaires protège contre le mélanome(2) ; en revanche, les chercheurs ont établi une corrélation entre l’utilisation de crèmes solaires et l’augmentation de l’incidence des coups de soleil !
La vitamine D participe en effet activement au bon fonctionnement des mélanocytes. En effet, les patients ayant un bon taux de vitamine D au moment du diagnostic de leur mélanome ont une tumeur moins épaisse, un risque de rechute plus faible et un meilleur taux de survie global que ceux dont le taux de vitamine D est faible(3).
En pratique
S’exposer au soleil est une bonne idée, mais il ne faut pas le faire au petit bonheur la chance ! Comment combiner la production de vitamine D par la peau avec une exposition au soleil la plus sûre possible ? En adoptant les conseils suivants…
Conseil 1 : préparez votre peau à l’exposition aux UV avant les vacances d’été en vous supplémentant en antioxydants, notamment en caroténoïdes (par exemple 5 mg par jour d’astaxanthine à partir de juin).
Conseil 2 : d’avril à octobre, veillez à vous exposer au soleil le plus régulièrement possible, car, sous nos latitudes, notre organisme n’est capable de produire de la vitamine D que durant cette période !
Conseil n°3 : exposez-vous au soleil régulièrement. “Une exposition au soleil deux fois par semaine 15 à 30 minutes suffit pour métaboliser correctement la vitamine D”, explique sur le site de la Ligue contre le cancer la Dr Annie Sasco, épidémiologiste pour la prévention du cancer.
Conseil 4 : si possible, exposez la surface de votre peau la plus importante possible.
Conseil 5 : utilisez une protection solaire si vous ne pouvez pas éviter une exposition prolongée au soleil. Choisissez un produit sans filtres chimiques et sans nanoparticules. Méfiez-vous du faux sentiment de sécurité que procurent les écrans solaires, qui est sans doute la raison pour laquelle les coups de soleil ont tendance à être plus fréquents chez ceux qui utilisent ces produits !
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Sources éditoriales et fact-checking