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Le protoxyde d’azote ou hémioxyde d’azote, aussi appelé “gaz hilarant”, est un gaz dont l’usage récréatif s’est largement répandu ces dernières années, notamment chez les jeunes. Inhalé, il procure des effets psychoactifs et euphorisants. Cependant, derrière cette pratique apparemment anodine se cachent des risques méconnus pour la santé. Explications.
Mode de consommation et profil des usagers
Le protoxyde d’azote est consommé par inhalation, le plus souvent via des ballons de baudruche dans lesquels le gaz est transféré depuis des cartouches pour siphon à chantilly. Ces cartouches sont facilement accessibles dans le commerce, ce qui explique le détournement de leur usage culinaire initial.
On trouve également des bonbonnes plus volumineuses vendues comme gaz pour moteur ou airsoft (armes à air comprimé).
Cette pratique concerne principalement les jeunes adultes, notamment les étudiants qui recherchent ses effets euphorisants et désinhibants lors de soirées. On constate également une diffusion de cette consommation chez les plus jeunes, dès le collège.
Chez les consommateurs réguliers, la prise de “proto” peut être quotidienne, voire plusieurs fois par jour, avec des dizaines de cartouches inhalées en une seule occasion. Cette consommation compulsive traduit le potentiel addictif du protoxyde d’azote et le risque de dépendance, même à faible dose.
Les hommes et les femmes sont autant consommateurs, contrairement aux substances illicites où les hommes sont souvent majoritaires.
Effets recherchés et dangers immédiats
L’inhalation de protoxyde d’azote procure rapidement une ivresse légère, des fous rires incontrôlables et une sensation de flottement. Ces effets sont de courte durée, de l’ordre de quelques minutes.
Cet usage n’est cependant pas sans danger. Outre des maux de tête et des nausées, l’inhalation directe depuis la cartouche peut provoquer des brûlures par le froid ou des pertes de connaissance par manque d’oxygène. Des cas de décès par asphyxie ont même été rapportés.
D’autres effets indésirables peuvent survenir rapidement après l’inhalation :
- Maux de tête et vertiges ;
- Nausées et vomissements ;
- Toux.
Ces symptômes disparaissent en général spontanément en quelques heures. Mais ils doivent alerter sur la toxicité de ce gaz, contrairement aux idées reçues.
Certains facteurs majorent les risques liés à l’inhalation de protoxyde d’azote :
- Associations avec l’alcool ou d’autres drogues ;
- Pratiques à jeun ou en milieu confiné ;
- Antécédents médicaux (asthme, épilepsie, etc.).
Risques neurologiques à long terme
La consommation répétée de protoxyde d’azote, même à faible dose, peut entraîner des carences en vitamine B12 et des atteintes neurologiques irréversibles.
Des troubles de la moelle épinière ont notamment été observés chez des consommateurs chroniques, se traduisant par des fourmillements dans les extrémités, des troubles de la marche, des faiblesses musculaires voire des paralysies.
Le cerveau est également affecté, avec des pertes de mémoire, une confusion mentale, des tremblements involontaires, etc. Ces lésions peuvent persister même en cas d’arrêt de la consommation.
Données épidémiologiques inquiétantes
Le nombre d’intoxications liées au protoxyde d’azote rapporté aux centres antipoison a été multiplié par 3 entre 2019 et 2020. Les signalements aux centres d’addictovigilance ont été multipliés par 5 sur la même période.
Santé publique France a récemment publié une étude révélant que 13,7 % des jeunes de 18 à 24 ans ont expérimenté le protoxyde d’azote au moins une fois.
Ces chiffres témoignent de la diffusion des usages récréatifs du protoxyde d’azote, y compris chez des mineurs, alors que les risques encourus sont largement méconnus ou minimisés par les consommateurs.
Campagne de prévention
Initiée le 9 novembre, une campagne commune des Agences régionales de santé (ARS) des régions Hauts-de-France et Île-de-France vise à alerter sur les dangers liés à l’usage croissant du protoxyde d’azote.
La campagne de prévention cible principalement les 15-25 ans et vise à améliorer leur compréhension des risques associés à la consommation de protoxyde d’azote, à diminuer son attrait social et à encourager le dialogue avec les professionnels de santé.
Un usage médical réglementé, un usage alimentaire limité
À usage médical, le protoxyde d’azote est utilisé en tant qu’analgésique ou anesthésique, dans un cadre hospitalier réglementé.
Dans l’industrie alimentaire, son usage comme gaz propulseur de siphon est autorisé mais encadré par la réglementation européenne. Depuis 2021, sa vente aux mineurs est interdite en France.
Vos questions fréquemment posées
Quelles précautions dois-je prendre en cas d’utilisation ?
Il est important de prendre certaines précautions si vous envisagez de consommer des substances psychoactives. Pour votre sécurité et celle des autres, il est préférable de ne pas conduire et d’éviter de mélanger ces substances avec de l’alcool ou des médicaments. Beaucoup de ces substances sont inflammables et doivent être gardées loin des flammes et des sources de chaleur pour prévenir les risques de brûlures ou d’explosion. Ne respirez jamais directement du protoxyde d’azote issu d’une cartouche, car le gaz peut être extrêmement froid et causer des brûlures graves au nez, aux lèvres ou aux cordes vocales.
Vers qui se tourner pour se faire aider ?
Les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) prennent en charge les personnes en difficulté avec leur consommation de substances psychoactives, dont le protoxyde d’azote. Pour les mineurs, les Maisons des adolescents offrent une écoute et des conseils, dans le respect de la confidentialité. Leurs équipes aident à faire le point sur les consommations à risque et peuvent orienter si nécessaire vers une prise en charge spécifique.
Que faire en cas d’intoxication ?
Si vous vous retrouvez dans une situation d’urgence, n’hésitez pas une seconde à appeler les secours au 15 ou au 112. Face à des symptômes préoccupants ou anormaux suite à un usage inapproprié de protoxyde d’azote, il est conseillé de joindre sans tarder un Centre antipoison ou un Centre d’addictovigilance.
Est-ce que le protoxyde d’azote est légal ?
Pour lutter contre l’usage détourné du protoxyde d’azote, le Parlement français a adopté un texte le 25 mai 2021. Pour protéger cette tranche d’âge vulnérable, la vente de protoxyde d’azote aux mineurs est désormais interdite.
Le mot de la fin
Derrière les effets récréatifs et le caractère apparemment inoffensif du protoxyde d’azote se cachent des risques neurologiques graves, parfois irréversibles. La diffusion des usages festifs de ce gaz, notamment chez les plus jeunes, appelle à la plus grande vigilance.