Ne manquez aucun article ou étude publiés ! Suivre nos articles sur Google News
Les plantes mellifères ont vraiment tout pour plaire, à commencer par leur beauté sauvage et leur facilité de culture. Elles sont aussi l’emblème d’un tournant dans l’évolution, grâce à l’alliance magique qu’elles ont conclue avec les pollinisateurs.
Les plantes sont dites “mellifères” quand les fleurs produisent une quantité significative de nectar et de pollen de bonne qualité et accessible aux abeilles.
Certaines abeilles mellifères transforment le nectar en miel. D’où l’appellation “mellifère” : qui “porte” du “miel”. Mais il faut savoir que le pollen constitue également une ressource indispensable aux abeilles et pollinisateurs, qui le mélangent au nectar ou au miel pour nourrir leur progéniture. Le nectar est leur source d’énergie et le pollen de protéine.
Les exploits d’une coévolution
Les plantes se sont d’abord reproduites par simple duplication ou clonage. L’apparition de la reproduction sexuée des plantes, donnant naissance à un nouvel individu (différent génétiquement), a permis une bien plus grande adaptation des plantes à leur milieu de vie.
Certaines plantes mellifères (comme la ronce, plante pionnière de nos friches) possèdent les deux modes de reproduction.
La reproduction sexuée des plantes, apparue il y a plus de 100 millions d’années, a connu un dynamisme considérable grâce à la coopération d’insectes, dit pollinisateurs, qui transportent le pollen d’une fleur à l’autre et d’une plante à l’autre, en réalisant une pollinisation dite “croisée”. Cette coopération a décuplé l’efficacité de la stratégie de reproduction sexuée des plantes.
Certains insectes pollinisateurs se sont même spécialisés dans ce service mutuel, où le pollinisateur garantit le transport du pollen et où la plante à fleurs fournit une alimentation en pollen et en nectar. D’autres, comme l’abeille mellifère ou le bourdon, butinent une grande diversité d’espèces de plantes.
On dénombre environ 20 000 espèces de plantes mellifères dans le monde, dont 1 600 en France. En 10 ans de recensement sur l’ensemble du territoire français, la banque de données de Spipoll compte 1 000 espèces de plantes mellifères pour 500 espèces d’insectes pollinisateurs.
Les plantes mènent la danse
Au cours de l’évolution, les plantes dépendantes des pollinisateurs ont dû développer des caractéristiques attractives pour les insectes et leur environnement. Plus les plantes à butiner sont nombreuses sur un même secteur, plus elles entrent en concurrence. Pour perdurer, il leur faut se transformer afin de se démarquer de leurs voisines, en jouant sur la carte de la séduction (couleurs, odeurs, sécrétion de nectar…).
Deux stratégies ont été adoptées : certaines plantes “généralistes” sont visitées par un très grand nombre d’espèces de pollinisateurs, tandis que des plantes “spécialistes” vont fidéliser un certain type de butineur (avec un succès reproductif plus élevé, mais une dépendance plus forte à un type de pollinisateurs). Ce processus de fidélisation peut atteindre une étape ultime : l’hyperspécialisation, lorsqu’une plante et son pollinisateur ne peuvent plus survivre l’un sans l’autre.
Mais ce n’est pas tout. Leur reproduction ainsi assurée, les plantes utilisent encore les services des animaux pour la dissémination des graines fécondées. C’est le rôle des fruits ; notamment, les baies ingurgitées par les oiseaux et dont les noyaux, rejetés après digestion, vont germer dans le sol, parfois loin de la plante d’origine. La pollinisation peut bien être effectuée par le vent, mais elle est de loin la moins efficace. Moins de 10 % des plantes s’en remettent au vent ; notamment les graminées, dont le pollen présent dans l’air provoque ce qu’on appelle le “rhume des foins”.
Notre vie et celle de tous les animaux terrestres dépend, plus ou moins directement, de l’existence et du développement des plantes à fleurs.
C’est particulièrement flagrant pour les colonies d’abeilles, dont la démographie et l’activité suivent très précisément le rythme de floraison des plantes mellifères.
La production des cultures fruitières est décuplée par la pollinisation réalisée, gratuitement, par des colonies d’abeilles mellifères.
L’embarras du choix
Le choix est très large parmi les plantes mellifères. Elles se déclinent dans toutes les tailles. Des arbres, d’abord, de plein vent, très élégants : tilleul, saule, marsault, sureau noir, châtaigner… Mais, aussi, bien sûr, toutes les sortes d’arbres et arbustes fruitiers, dont certains peuvent même être intégrés dans une haie : noisetier, amélanchier, cognassier, nashi, goji…
La liste des arbustes mellifères ne s’arrête pas là ; et si leurs fruits ne sont pas appréciés par nous, ils feront le délice des oiseaux et de bien d’autres hôtes du jardin : aubépine, arbousier, prunellier, cornouiller sanguin.
Dans le catalogue des plantes mellifères se trouvent de nombreuses plantes vivaces à croissance rapide et qui constituent des décors pérennes : lavande, sauge, bruyère, sedum, aster… On pensera aussi aux plantes grimpantes pour couvrir des murs, treillis et pergolas : chèvrefeuille, clématite, vigne vierge, lierre, bignone…
Si vous optez pour une jachère fleurie, il faut savoir qu’elle se compose à la fois de plantes annuelles (coquelicot, bleuet, pavot, cosmos, tournesol…), de bisannuelles, donnant des feuille la première année et ne fleurissant qu’au printemps ou l’été suivant après avoir passé l’hiver en pleine terre, et parfois aussi de vivaces.
Enfin, il existe de nombreuses plantes indigènes, dont nous allons reparler ensuite…
Avec les plantes mellifères, il n’est nul besoin d’être spécialiste. En jardinerie ou dans la nature, pour reconnaître une plante mellifère au moment de sa floraison et par beau temps, il suffit de s’attarder un peu devant elle pour voir si des insectes viennent la visiter !
Fleurir sans effort parcs et jardins
Si on n’a pas le temps ou pas spécialement de penchant pour le jardinage, il est possible de faire la part belle aux plantes mellifères, même sur des zones réduites ou en recourant à un entretien très sommaire.
Cela commence par les fleurs, qui poussent spontanément dans la pelouse, dans les allées, dans les cultures (plantes hôtes de cultures) ou dans les haies, et qui sont très souvent mellifères : pissenlit, coquelicot, bourrache, myosotis, liseron, églantier…
Voici deux gestes particulièrement écologiques et bénéfiques à la biodiversité et aux pollinisateurs, à la portée de tout le monde :
Laisser des zones sans interventions (c’est-à-dire se retenir d’intervenir sur une zone particulière afin que la flore spontanée, qui est la plus adaptée à la faune locale, puisse s’exprimer : un espace de refuge) ;
Espacer les tontes ou fauches des pelouses, prairies, allées et talus. (Il existe une corrélation très forte entre le temps laissé entre deux tontes et le nombre de pollinisateurs.)
Les bénéfices seront nombreux, à commencer par la présence d’une zone fleurie, dont il n’est même pas nécessaire de s’occuper.
Ces gestes “simples” ne sont, cependant, pas seulement symboliques. Ils mettent vraiment un frein à une extinction en cascade : moins de flore mellifère, moins de faune, moins de pollinisation…
Éliminées des cultures intensives, par les pesticides, les arrachages de haies, les tontes et fauches fréquentes, ces plantes mellifères et leur faune vont trouver à se réfugier chez nous en attendant, espérons-le, des jours meilleurs où le choix, plus responsable, d’une agriculture soutenable et humaniste sera enfin pris.
Les plantes mellifères nous gratifient du magnifique ballet aérien des insectes qui les butinent.
Le jardin est un espace de partage
Nos parcs et nos jardins sont des lieux destinés à accueillir la vie. Pour cela, il vaut mieux s’éloigner de l’aménagement de jardin tiré au cordeau, qui n’est guère favorable à la biodiversité, avec son cortège de prétentions à vouloir tout contrôler, ce qui empêche la nature d’exprimer son plein potentiel, pourtant vital.
Les plantes mellifères et leurs pollinisateurs sont le symbole par excellence d’une terre fertile, généreuse et susceptible de nous fournir agrément et satisfaction.
Les plantes mellifères offrent un calendrier de fleurissement sur une grande amplitude, en climat tempéré de février à novembre, et en climat méditerranéen, quasiment sans répit.
Pour respecter les besoins des hôtes du jardin, nous mettrons un frein au désherbage, même mécanique, même biologique et nous n’utiliserons plus de pesticide au verger. Le choix de plantes robustes et adaptées localement est un préalable. Rappelons que les plantes sauvages répondent à ces critères, ainsi que les plantes (même d’origine exotique) adaptées avec succès aux conditions locales et à leur évolution vers le réchauffement climatique déjà bien engagé.
Dans un jardin vraiment vivant, nous décidons de la direction à prendre, tout en laissant la nature la corriger ou l’infléchir. Il existe une passerelle entre le jardin d’extérieur et notre “jardin intérieur”. Une beauté moins bien ordonnée est parfois plus saisissante encore !
Dans un jardin vivant, il fait bon flâner, observer. La vie est moins besogneuse. Et nous finissons forcément par faire des envieux parmi notre entourage, qui viendra découvrir les recettes, pourtant simples, de ce nouvel équilibre entre l’envie de créer un coin de nature personnalisé, le respect de nos vrais besoins et celui des autres êtres vivants.
Type de plante | Exemples de plantes |
---|---|
Annuelles | Tournesol, Cosmos, Zinnia, Souci, Bleuet, Phacélie, Millepertuis, Tournesol sauvage, Pavot, Œillet d’Inde, Coreopsis |
Vivaces | Lavande, Sauge, Trèfle, Origan, Menthe, Euphorbe, Échinacée, Agastache, Veronica, Monarde, Hélianthème à feuilles de lin, Scabieuse, Thym, Verveine officinale, Safran, Myosotis des champs, Romarin, Menthe poivrée, Sarriette des montagnes, Centaurée de Timbal, Agastache fenouil, Hysope anisée, Argousier, Baguenaudier, Arbre à vessies |
Arbres | Érable, Tilleul, Chêne, Saule, Pommier, Cerisier, Amandier, Prunier, Robinier, Houx, Rhododendron, Abricotier |
Arbustes | Ciste, Bruyère, Callune, Buisson ardent, Spirée, Sumac, Framboisier, Mûrier, Fuchsia |
Fleurs | Trèfle d’Alexandrie, Sainfoin, Trèfle blanc, Phacélie, Mélilot, Vesce, Trifolium pratense, Renoncule, Immortelle d’Italie, Échinacée |
Plantes aromatiques | Coriandre, Aneth, Lavande, Sauge, Origan, Menthe, Agastache, Thym, Verveine officinale, Romarin, Sarriette des montagnes |
Autres plantes | Colza, Pissenlit, Cardère sauvage, Chardon, Bourrache officinale, Euphorbe épurge, Digitale pourpre, Souci des jardins, Artichaut, Cirses |