La spiruline est une poudre obtenue à partir d’Arthrospira patentis, une micro algue bleu-vert. La spiruline se classe parmi les super aliments compte tenu de son excellente richesse nutritionnelle. Elle est devenue célèbre après avoir été retenue par la NASA et l’Agence Spatiale européenne comme complément alimentaire pour les astronautes en mission spatiale.
En plus de sa richesse nutritionnelle exceptionnelle en protéines, en fer et en bêta-carotène, on attribue à la spiruline des effets antiallergiques, hypocholestérolémiants et elle semble même avoir des effets antiviraux et anticancéreux.
À l’heure actuelle, ce que la littérature scientifique suggère, c’est que la spiruline est un complément alimentaire sûr et sans effets secondaires, qui présente une richesse nutritionnelle exceptionnelle et dont plusieurs bénéfices cliniques sont déjà rapportés. Dans cet article nous faisons le point sur les bienfaits de la spiruline démontrés scientifiquement.
Qu’est-ce que la spiruline ?
La spiruline est un complément alimentaire à base de microalgues bleu-vert, des cyanobactéries du genre Arthrospira. Le nom spiruline provient de la forme de cette micro algue, qui présente des filaments en spirale hélicoïdale. Le terme spiruline fait référence à la poudre obtenue après séchage et broyage de la micro algue Arthrospira platensis. Il s’agit d’une bactérie photosynthétique oxygénée qui pousse aussi bien dans les eaux douces que dans les eaux marines.
Consommation traditionnelle de la spiruline
La spiruline était déjà consommée au temps de la civilisation Aztèques(1). Traditionnellement, la spiruline est consommée dès le IXe siècle au Tchad sous forme de galettes séchées au soleil qui sont ensuite utilisées pour préparer des soupes très nutritives.
Culture moderne et commercialisation comme complément alimentaire
La culture moderne et la commercialisation de la spiruline en tant que complément alimentaire ont débuté dans les années 1970 dans les pays industrialisés. La spiruline est relativement facile à cultiver, sa culture moderne se réalise dans de l’eau alcaline au pH extrêmement élevé, dans de grands bassins extérieurs, sous un climat ensoleillé.
L’espèce la plus fréquemment offerte sur le marché est Arthrospira platentis. Elle est cultivée principalement en Chine (50 % de la production mondiale soit 5000 tonnes) et aux États-Unis (en Californie et à Hawaï). Une culture plus traditionnelle se perpétue en Afrique (Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso). En France, environ 250 producteurs artisanaux la cultivent.
La Spiruline est disponible dans les magasins diététiques en tant que complément alimentaire sous forme de poudre ou de pastilles, elle est également proposée dans des biscuits ou boissons.
Richesse nutritionnelle
La spiruline présente une teneur incroyablement élevée en protéines : jusqu’à 70 grammes de protéines pour 100 grammes de spiruline, alors que les viandes contiennent en moyenne 18 grammes de protéines pour 100 grammes.
La spiruline contient également des vitamines, notamment la vitamine B12 et le β-carotène (la provitamine A). Elle est riche en minéraux, en particulier en fer. La spiruline contient 10 fois plus de fer que la viande rouge. La spiruline est également riche en acides phénoliques, en tocophérols et en acide γ-linolénique(2). Puisque la spiruline n’a pas de parois cellulaires cellulosiques, elle est donc facilement digérée et sa richesse nutritionnelle s’accompagne d’une très haute biodisponibilité(3).
Du fait de son apport en protéines et en fer, cette micro algue représente un aliment de base important dans plusieurs régions de l’Afrique et la spiruline est considérée comme une réponse à la malnutrition dans le monde.
Au-delà de la richesse nutritionnelle de la spiruline qui est déjà bien connue, l’objectif de cet article est de faire le point sur les bénéfices, déjà démontrés par la science, de la spiruline sur notre santé.
Propriétés anti-inflammatoires, anti allergiques et d’immunomodulation
La spiruline présente des propriétés anti-inflammatoires largement démontrées. En effet, ce complément alimentaire inhibe la libération d’histamine par les mastocytes(4).
Dans un récent essai randomisé en double aveugle contre placebo(5), des personnes atteintes de rhinite allergique ont consommé quotidiennement soit de la spiruline soit un placebo pendant 12 semaines. Les cellules mononucléaires du sang périphérique ont été isolées avant et après ces prises et les niveaux de cytokines pro-inflammatoires ont été mesurés (interleukine-4, interféron-γ et interleukine-2). L’étude a montré qu’une dose élevée de spiruline réduisait significativement les niveaux d’interleukine-4 de 32 %, démontrant les effets protecteurs de cette micro algue contre la rhinite allergique.
Par ailleurs, une récente étude en double aveugle contrôlée par placebo menée en Turquie a évalué l’efficacité de la spiruline pour le traitement des patients atteints de rhinite allergique. La consommation de spiruline a significativement amélioré les symptômes et les signes physiques par rapport au placebo (P < 0,001), y compris l’écoulement nasal, les éternuements, la congestion nasale et les démangeaisons(6).
Ishii(7) a étudié l’influence de la spiruline sur les niveaux d’anticorps IgA dans la salive humaine. Ils ont découvert que la spiruline présentait une fonction immunomodulatrice. En effet, la spiruline a montré améliorer la production d’IgA, suggérant un rôle central de la microalgue dans l’immunité au niveau de nos muqueuses.
Il est bien connu que les carences en nutriments sont responsables de modifications de l’immunité, qui se manifestent par des modifications de la production de cellules T, de la réponse des anticorps sécrétoires IgA, des cytokines et de l’activité des cellules NK. Les études ci-dessus suggèrent que la spiruline pourrait moduler le système immunitaire par son rôle dans la couverture de carences nutritionnelles multiples.
Effets hypocholestérolémiants
Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de décès dans les pays développés, et l’hypercholestérolémie est l’un des facteurs de risque les plus importants de l’athérosclérose.
Dans une étude clinique, Nakaya et ses collaborateurs(8) ont donné 4,2 grammes de spiruline par jour à 15 volontaires masculins. Bien qu’il n’y ait pas eu d’augmentation significative des taux Cholestérol HDL (bon cholestérol), ils ont observé une réduction significative des taux de cholestérol LDL (mauvais cholestérol), et ce, après 8 semaines de traitement. L’effet athérogène a également diminué de manière significative dans le groupe traité par la spiruline.
Ramamoorthy et Premakumari(9) dans une étude plus récente ont administré des suppléments de spiruline à des patients atteints de cardiopathie ischémique et ont constaté une réduction significative du cholestérol total sanguin, des triglycérides et du cholestérol LDL (mauvais cholestérol) et une augmentation du cholestérol HDL (bon cholestérol).
Enfin, Mani et ses collaborateurs(10) ont observé dans une étude clinique, une réduction significative du rapport LDL/HDL chez 15 patients diabétiques ayant reçu de la spiruline.
Ces résultats cliniques montrent que le rôle de la spiruline comme complément alimentaire naturel dans la lutte contre l’hyperlipidémie ne doit pas être négligé.
Applications antivirales
Un des principaux composants actifs de l’extrait aqueux de spiruline est un polysaccharide sulfaté : le spirulane de calcium. Selon Hayashi(11) le spirulane de calcium inhibe la réplication in vitro de plusieurs virus enveloppés, dont l’herpès simplex de type I, le cytomégalovirus humain, le virus de la rougeole et des oreillons, le virus de la grippe A et le virus de l’immunodéficience humaine-1 (VIH-1).
Une autre étude plus récente a montré in vitro qu’un extrait aqueux de spiruline inhibait la réplication du VIH-1 dans les lymphocytes T humains, les cellules mononucléaires du sang périphérique et les cellules de Langerhans(12).
Bien sûr, les effets prometteurs ci-dessus doivent être étudiés plus avant dans des modèles animaux et humains avant de tirer des conclusions définitives.
Effets anticancéreux
Il a été avancé que la spiruline, à combiner des caractéristiques antioxydantes et de modulation immunitaire, pourrait avoir un rôle antitumoral et dans la prévention des cancers.
Bien qu’il existe déjà de nombreuses études in vitro et animales, il n’y a eu qu’un seul essai avec des sujets humains. Cette étude s’est intéressée spécifiquement aux effets de la spiruline sur la carcinogenèse orale, en particulier la leucoplasie(13).
L’étude menée par Mathew et son équipe sur une cohorte de 77 patients fait suite à des essais antérieurs sur des hamsters, qui ont montré une régression tumorale après application topique ou prise entérale d’extrait de Spiruline(14)(15).
L’étude clinique de Mathew a montré que 45 % des patients de la cohorte d’étude ont montré une régression complète de la leucoplasie après avoir pris des suppléments de spiruline pendant 1 an.
Les auteurs ont également signalé qu’il n’y avait pas d’augmentation de la concentration sérique de β-carotène rétinien malgré la supplémentation en spiruline et ont conclu que d’autres constituants de la spiruline pourraient avoir été responsables des effets anticancéreux. Ces résultats semblent prometteurs et plus d’études doivent être réalisées.
Références